lundi 24 septembre 2012

Claude Parent en Louisiane

À la suite de deux contrats rédigés en 1699 par lesquels il s’engage envers les jésuites, Claude Parent disparaît du paysage de la vallée du Saint-Laurent. En 1706, Claude Parent, taillandier, et Charles Rochon, voyageur âgé de 32 ans, qui sont vraisemblablement arrivés en Louisiane en faisant partie de la troupe d’Henri de Tonti, sont installés en un lieu appelé Les Oignonets, sur les rives de la baie de Mobile et ils s’adonnent à la culture du blé et de légumes. Ils sont intégrés à un village des Indiens Chatos qui occupent déjà ces lieux (1). Il s’agit de la première mention de Claude Parent dans la grande région de la Louisiane. Il ne s’agit pas précisément de la Louisiane telle qu’on la connaît aujourd’hui, mais plutôt de la région du golfe du Mexique où on trouve une présence française, soit les rives de la baie de Mobile.

Après l’exploration de l’embouchure du fleuve Mississipi réalisée par Robert Cavelier de La Salle qui s’est terminée par sa fin tragique au mois de mars 1687, le peuplement français de cette région de l’Amérique du Nord est demeuré en veilleuse pendant plus de douze ans. Puis, sous la gouverne de Pierre LeMoyne, sieur d’Iberville, les Français construisent tout d’abord le fort Maurepas situé sur les rives de la baie de Biloxi, au mois d’avril 1699. Rapidement, le sieur d’Iberville et les siens se rendent à l’évidence; le site du fort Maurepas s’avère insalubre et, conséquemment, la mortalité est très élevée. Il faut déplacer la nouvelle colonie. Heureusement, les Français ont continué à explorer la région (2). Ils ont remonté le Mississipi et longé la côte du golfe du Mexique. Sur cette côte, un site a attiré leur attention. Derrière l’île Dauphine, aussi appelée l’île au Massacre au début du 18e siècle, la baie de Mobile et le fleuve qui s’y déverse ont retenu leur intérêt. D’Iberville délègue son frère Bienville pour construire un fort dans la baie de Mobile. Les 4 et 5 janvier 1702, Bienville quitte la baie de Biloxi pour la baie de Mobile et y fonde le fort Louis de Mobile (3). Ce nouveau fort devient rapidement la plaque tournante de l’activité des Français dans cette région de l’Amérique.
Claude Parent et Charles Rochon cultivent la terre et, tout comme bon nombre de leurs concitoyens, utilisent des esclaves indiens. D’ailleurs au début du mois d’août 1710, le père Huvé, missionnaire, est de passage aux Oignonets et, le 4 août, il en profite pour baptiser les esclaves de Parent et Rochon. Ainsi, le 4 août 1710,

[…] a este baptisé au bas de la rivière deux esclaves garcon et fille, celuy-la appartenant a Parent et celle-cy a Rochon, le parrein a esté Pierre [illisible] et la marreine Marguerite Burel […] (4).
L’esclavage est important en Louisiane et, en 1708, la région de Mobile compte 80 esclaves (5).

(1) Gregory A. Waselkov et Bonnie L. Gum with contibutions by Kristen J. Gremillon et Diane E. Silvia, Plantation archeology at Riviere aux chiens ca. 1725-1748, Mobile, Alabama, Center for archeological studies, 2000, p. 70.
(2) Guy Frégault, Pierre Le Moyne d’Iberville, Fides, Montréal et Paris, 1968, p. 214-223.
(3) Jean-Baptiste Bénard de La Harpe, The historical journal of the establishment of the French in Louisiana, Center for Louisiana studies, University of Southwestern Louisiana, 1971, p. 28.
(4) Registres paroissiaux de Mobile, Alabama, Sacramental Registers Book 1, Microfilms 2047321 Family History catalog. Salt Lake City, Utah.
(5) Jay Higginbotham, Old Mobile, Fort Louis de la Louisiane 1702-1711, Mobile, Museum of the City of Mobile, p. 451-457.

lundi 17 septembre 2012

Michel Parent, démêlés avec la justice en 1699

Michel Parent a appris à construire des chaloupes mais la pratique de ce métier dans lequel il est encore jeune n’est pas suffisant pour bien gagner sa vie. Le 11 septembre 1698, Michel Parent contracte un bail à ferme envers Timothée Roussel, maître chirurgien de Québec, et son épouse Catherine Fournier. Pour une période de cinq ans, ces derniers ont loué à Michel Parent, « habitant demeurant paroisse de Beauport » et à Jeanne Chevallier, sa femme, une terre et habitation située au lieu appelé La Canardière (1). Cette terre est située dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges. Dans cet acte notarié qui couvre quatre pages densément écrites, on y trouve décrits tous les éléments qui régissent l'exploitation d'une ferme. Cela va du nombre et de la description détaillée des animaux, à la production de beurre et à la sorte de grains semés et récoltés, en passant par la description des instruments aratoires utilisés et au cycle de l'entretien de la terre.

Michel n'exploite la terre de Timothée Roussel que depuis un an et déjà la mésentente s'est installée. Roussel s'impatiente devant la manière dont son métayer s'occupe de son bien : il craint de perdre une partie de ses récoltes. Michel accepte mal les remontrances du propriétaire; il réagit même avec violence. Le 27 août 1699, le bailliage de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges est saisi d'une plainte de Roussel. Il demande qu'il lui soit permis de mettre des faucheurs pour faucher les foins qui sont sa terre, vu la négligence et le peu de soin de Michel Parent et vu « l’inconstance du temps et la saison qui presse ». De plus, il considère inacceptable les insultes que lui a faites le défendeur. Pour sa défense, Michel Parent demande à Joseph Normand, son voisin, d’aller visiter la terre en compagnie de Joseph Lemire, représentant de Roussel, et de faire rapport aux autorités (2).

La plainte de Roussel est rejetée par la prévôté de Québec le 23 septembre. Il semble bien que l'entente est difficile entre les deux parties, puisque que tout ce monde se retrouve devant le Conseil souverain un peu plus tard. Le 7 décembre, Roussel en appelle de la décision. Après la lecture des représentations de chacune des parties, le Conseil souverain donne raison à Roussel et ordonne que les grains « seront battus tant par led Parent qu'une autre personne que led appellant pourra Employer a cet Effet ». (3)

Mais les choses n'en restent pas là. Quinze jours après le jugement du Conseil souverain, ce dernier est à nouveau saisi de leur affaire. Aucun des deux protagonistes n'est satisfait du jugement rendu. Michel conteste la somme qu'il doit payer à Roussel en réparations des dommages que ce dernier aurait subis. Il demande à être entendu sur le jugement le condamnant à réparer les clôtures et la couverture de la grange à ses frais et d'honorer le bail à ferme qu'il a signé l'année dernière pour les cinq années prévues à l’entente. De plus, il conteste la sentence à la suite de l'Incident arrivé pendant l'instance et pour lequel il fut convaincu de violence et voies de fait envers Roussel et condamné à verser la somme de 15 livres en aumônes pour les pauvres au bureau de cette ville.

Le Conseil souverain, après avoir rappelé tous les événements qui ont jalonné ce dossier, rend sa décision. S'étant enquis du consentement des deux parties, il décrète que le bail à ferme qui lie les deux parties est maintenant nul. Il condamne « led Parent rendre et restituer aud Roussel tous les bestiaux, Meubles et Ustensiles portez par led bail Et les Escrois si aucuns sont ». Michel Parent doit s'engager à terminer la saison des récoltes et s’assurer, en bon fermier, de battre tous les grains et s'assurer que les bestiaux auront suffisamment de fourrages pour toute la durée de l'hiver. Par la suite, tous les surplus en grains et fourrages seront partagés entre les protagonistes. Finalement, Michel doit payer 17 livres pour avoir agressé Roussel (4). Il semble bien que cette fois-ci Michel accepte le jugement.

Il ne faut pas s’étonner que Michel se soit confronté à Timothée Roussel. Les démêlés de Roussel avec ses concitoyens remplissent des pages et des pages soit dans les Jugements et délibérations du Conseil souverain, soit dans les archives du tribunal seigneurial de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Roussel, maître chirurgien, « était un homme coléreux et âpre au gain. À partir de 1672, il parut presque à chaque année devant le Conseil souverain dans des rôles de demandeur, d’intimé ou d’appelant.» (5)

(1) BAnQ. Minutier de Charles Rageot de Saint-Luc, le 11 septembre 1698.
(2). André Lafontaine, Le bailliage de Notre-Dame-des-Anges, tome I, Québec, s.e., p. 144;  p. 164-165.
(3). Jugements et délibérations du Conseil Souverain, publié par le Département du registraire de la Province, Québec, vol. IV, 1988, p. 374.
(4) Ibid., p. 377-379.
(5). Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1966, p. 596.

lundi 10 septembre 2012

Claude Parent, taillandier

Claude Parent est né à Beauport à la fin de l’année 1677 ou aux premiers mois de 1678 ; il est le quinzième enfant de Pierre Parent et Jeanne Badeau. Son adolescence est marquée par une longue période pendant laquelle il est inscrit sur la liste des malades à l’hôpital Hôtel-Dieu de Québec. En effet, en 1692, il est hospitalisé pendant une très longue période, soit du 10 mai à la fin du mois de juin. Heureusement, il recouvre la santé. Il faut souligner qu’en ce mois de juin 1692, la liste des malades hospitalisés à l’Hôtel-Dieu est très longue.

En 1698, le décès de son père marque un moment important de sa vie. Au mois d’octobre de cette même année, il assiste à l’inventaire des biens de son père, décédé le 5 août précédent. Dans la foulée des événements de l’année 1698, Claude prend une décision importante. Il quitte la région de Québec et s’installe à Montréal, également connu sous le nom de Ville-Marie à cette époque. Le premier août 1699, deux actes notariés nous renseignent sur ce que Claude a choisi de faire de sa vie pour les années qui viennent. Il s’engage envers les pères jésuites pour lesquels il pratiquera les métiers de taillandier et de forgeron. Il signe un contrat de deux ans dans lequel il est précisé que « Claude Parent taillandier et forgeron […] promet de travailler de son metier & En toutte choses q Luy sera commande ». Il devra même se rendre chez les Outaouais. Ce contrat lui rapportera une somme de 300 livres (1). Cette somme de 300 livres va à peine lui effleurer les mains car cette même journée, Claude Parent reconnaît devoir à Charles Juchereau, sieur de Saint-Denis, une somme de 466 livres 12 sols et 9 deniers « pour marchandises à luy fourny »(2).

En se fixant à Ville-Marie et en pratiquant ce métier du fer, Claude imite son grand frère Joseph Parent l’aîné qu’il faut distinguer d’un des triplets Parent – ses plus jeunes frères –  qui porte aussi ce prénom. Joseph l’aîné, également taillandier et forgeron, a épousé Madeleine Marette, fille de Jacques Marette et Marie Pagé, le 31 janvier 1690, à Beauport. Joseph l’aîné a déménagé ses pénates à Ville-Marie à la fin de l’année 1697 où il a loué une maison sur la rue Saint-François (3).

Ainsi, par ces actes notariés, nous connaissons le métier que pratique Claude Parent et apprenons qu’il aura l’occasion de se rendre dans les « Pays d’en haut » et de rencontrer ces explorateurs qui sillonnent la région des Grands Lacs et de l’Ouest américain. Claude fera la traite des fourrures ou piègera lui-même le castor car c’est en peaux de castor qu’il s’est engagé à rembourser Charles Juchereau. Claude tarde à rembourser Charles Juchereau comme nous l’apprennent les événements suivants. Juchereau meurt le 27 août 1703 au fortin construit au confluent des rivières  Ouabache et Ohio en 1702. Un an après le décès de Juchereau, Thérèse Migeon, sa veuve, fait préparer l’inventaire des biens de la communauté le 2 septembre 1704 et dans cet inventaire, la dette de Claude Parent existe encore; il n’a encore rien remboursé (4).

(1). BAnQ. Minutier d’Antoine Adhémar, le 1er août 1699.
(2). BAnQ. Minutier d’Antoine Adhémar, le 1er août 1699.
(3). BAnQ. Minutier de Claude Rageot de St-Luc, le 14 octobre 1697.
(4). BAnQ, Minutier d’Antoine Adhémar, le 2 septembre 1704.


Note : Dans de nombreuses bases de données qu’on peut consulter sur le Web, on indique que Claude Parent est décédé en 1692, ce qui est évidemment une erreur. Malheureusement, elle est répandue.

lundi 3 septembre 2012

Fiche familiale de Michel Parent et Jeanne Chevalier

Michel Parent est le neuvième enfant né du mariage entre Pierre Parent et Jeanne Badeau. 

Michel Parent (Pierre Parent et Jeanne Badeau)
n 21; b 21-12-1671, Notre-Dame-de-Québec / d 16; s 17-12-1726, Beauport

m Jeanne Chevalier (René Chevalier et Jeanne Langlois), le 24 novembre 1692, Beauport.
n 12; b 14-5-1673, Beauport / d 3; s 4-4-1746, à Notre-Dame- de-Québec

1. Michel
n 17; b 18-8-1693, Beauport / d ?

2. Étienne
n 19; b 19-1-1695, Beauport / d 22; s 22-7-1755, Québec

m Simone Brassard (Louis Brassard et Simone Maufait), le 9 janvier 1719, Beauport.
n 9; b 10-12-1696, Notre-Dame-de-Québec / d 25; s 26-1-1765, Baie Saint-Paul


3. Henri
n 18; b 19-10-1696, Beauport / d 15; s 16-11-1780, Notre-Dame-de-Québec

m 1 : Ursule Chouinard (Jacques Chouinard et Louise Jean), le 15 mai 1729, L’Islet.
n 14; b 14-8-1710, L’Islet / d 24; s 26-3-1735, L’Islet

m 2 : Geneviève Normand (Joseph Normand et Marie Choret), le 27 octobre 1735, Notre-Dame-de-Québec.
n 4; b 4-1-1710, Notre-Dame-de-Québec / d 7; s 8-7-1785, Notre-Dame, Montréal

4. Marie-Jeanne
n 11; b 11-10-1698, Beauport / d 4; s 4-12-1740, Notre-Dame-de-Québec

m Jean Spénard, veuf de Marie Morel (André Spénard et Marie-Charlotte Regnaud), le 26 juin 1728, Beauport
n 26; b 27-2-1694, Notre-Dame-de-Québec / d 2; s 3-3-1767, Notre-Dame-de-Québec

5. Pierre
n 29; b 29-7-1700, Beauport / d 22; s 22-4-1703, Beauport

6. Marguerite-Véronique
n 24; b 24-9-1702, Beauport / d 10; s 11-1-1769, Notre-Dame-de-Québec

m Joseph Chalifour (Paul-François Chalifour et Jeanne Philippaux), le 9 mars 1720, Beauport.
n 22; b 22-6-1698, Notre-Dame-de-Québec / d 12; s 13-6-1753, Notre-Dame-de-Québec

7. Louise-Françoise
n 7; b 8-7-1704, Beauport / d 27; s 28-12-1706, Beauport

8. Pierre
n 14; b 14-7-1706, Beauport / d 2; s 3-5-1708, Beauport


9. Joseph
n 23; b 23-5-1708, Beauport / d 22; s 23-2-1782, St-Michel d’Yamaska

m Marie-Anne Chatellereau dit Bonadeau (Louis Chatellereau dit Bonadeau et Marie-Anne Gagnon), le 8 octobre 1731, Notre-Dame-de-Québec.
n ?-8-1713; b 14-10-1714, Notre-Dame-de-Québec / d 16; s 17-5-1743, Notre-Dame-de-Québec

10. François-Marie
n 4; b 4-6-1710, Beauport / d 20; s 21-9-1714, Beauport

11. Anonyme (garçon)
n 14; b 14-4-1712, Beauport / d 14; s 14-4-1712, Beauport

12. Angélique
n 25; b 26-3-1714, Beauport / d 24; s 25-9-1714, Beauport
13. Thérèse
n 15; b 16-11-1717, Beauport / d ?

m François Normand (Joseph Normand et Marie Choret), le 23 janvier 1736, Notre-Dame-de-Québec.
n 6; b 6-4-1714, Notre-Dame-de-Québec / d 15; s 17-7-1786, Notre-Dame-de-Québec