lundi 30 décembre 2013

Jour de l’an à Montréal en 1750

La correspondance de Madame Bégon procure une brève description des coutumes de nos ancêtres qui célèbrent l’arrivée du nouvel an vers 1750. Elle écrit :

On se tient chacun chez soi en attendant le jour des folies, car tu sais que le 1er de l’an est une vraie extravagance.  […] Tout ce qui répugne à la petite, c’est qu’il faut baiser tout le monde : elle n’aime point cela. (1)

Mme Bégon ou de son nom de jeune fille Marie-Isabelle-Élisabeth Rocbert de La Morandière, est la fille d’Étienne et d’Élisabeth du Verger. Son père est venu s’établir en Nouvelle-France vers 1690; il deviendra garde-magasin à Montréal jusqu’en 1732. Il s’agit d’une famille en vue à Montréal mais elle n’est pas noble.

Quand Claude-Michel Bégon voudra l’épouser, un noble et frère cadet de l’intendant par surcroît, on assiste à une levée de boucliers. Pour faire une histoire courte, ils se sont mariés « à la gaumine ». Officiellement, leur mariage a été célébré à Montréal, le 19 décembre 1718, après la dispense de la publication des trois bans et l’autorisation du gouverneur Vaudreuil. La famille s’installe à Trois-Rivières où Claude-Michel Bégon deviendra gouverneur.

Elle commence la rédaction des lettres à son gendre après la mort de son mari en 1748. Elle retourne vivre à Montréal.

(1) Lettres au cher fils, Correspondance d’Élisabeth Bégon avec son gendre (1748-1753), préface de Nicole Deschamps, Montréal, Hurtubise HMH, 1972.

lundi 16 décembre 2013

Martin Parent ou la nécessité fait loi

Dans les premières années du 19e siècle, plusieurs habitants de la région de Québec allaient travailler aux Postes du Roi. Cette dénomination désignait une vaste région qui s’étendait de la rivière Saguenay jusqu’à Chicoutimi et longeait le fleuve Saint-Laurent jusqu’aux côtes du Labrador.

Au recensement de la ville de Québec de 1818, Martin Parent, boulanger âgé de 36 ans, Marguerite Goodchild (aussi dénommée Bonenfant dans les registres de la Côte Nord), son épouse âgée de 20 ans, et leur fille Marguerite, âgée de 4 mois, demeurent au numéro 144 de la rue Saint-Georges. Il n’y a rien d’exceptionnel dans cette famille. Cependant, les registres de Québec de l’année 1819 exposent une situation qui aurait pu devenir embarrassante pour Martin et les siens. Le 30 mars 1819, Martin et Marguerite font bénir leur mariage à l’église de la paroisse Notre-Dame-de-Québec. L’acte de mariage explique bien de choses :

Le trente mars mil huit cent dix neuf, monseigneur Joseph Octave Plessis, Evêque de Québec ayant accordé la Dispense de trois Bans de mariage et aussi celle du temps publié pour en faire la célébration a martin parent Boulanger domicilié en cette Ville fils majeur de feu Joseph parent et de feue Marguerite Legris dit Lepine de cette paroisse d’une part, et Marguerite Goodchild domiciliée en cette ville fille mineure de Thomas Goodchild pêcheur et de Marie Quironette consentants du Poste appelé Blanc Sablon sur la cote de la Brador d’autre part, lesquels avaient déjà contracté ensemble un engagement de mariage au dit Blanc Sablon dix neuf février mil huit sent dix sept par devant témoins à défaut de Prêtre deservant le dit lieu […]

À certaines périodes de notre histoire, nos ancêtres ont fait appel au sens commun plus d’une fois pour suppléer à la loi ou à la règle établies. Par exemple, dans certaines régions éloignées, comme sur la Côte Nord, les rares présences du missionnaire rendaient difficile l’observance des commandements de la religion catholique. Ainsi donc, Martin et Marguerite ont régularisé une situation maritale de fait. À quelque part sur la Côte Nord, un individu en autorité avait probablement autorisé leur vie commune sans procéder à la cérémonie religieuse du mariage.

En ce qui concerne sa filiation, Martin Parent descend de Pierre Parent par son fils Jacques et sa première épouse, Louise Chevalier.





lundi 2 décembre 2013

Les archives pour aider la généalogie

Quand on fait une recherche en généalogie, il arrive parfois qu’on ne trouve pas des dates de naissance, de mariage ou de sépultures. Certains registres paroissiaux sont incomplets.

En d’autres occasions, un individu part en expédition dans les Pays d’en haut et ne donne plus signe de vie. Alors, on présume qu’il est décédé mais son acte de sépulture n’est pas inscrit dans les registres paroissiaux. Cette situation se rencontre aussi chez les navigateurs qui sillonnent le fleuve Saint-Laurent. Les naufrages sont fréquents et chacun de ceux-ci est accompagné de son lot de personnes disparues qui n’auront pas de sépultures. Si les sources traditionnelles d’information des généalogistes que sont les registres paroissiaux ne contiennent pas l’information recherchée, la documentation archivistique qu’on trouve dans les centres d’archives du Québec peut fournir des éléments de réponse.

C’est le cas de Joseph Parent, fils de René Parent et de Marie-Madeleine Courault.

On le connaît parfois sous le prénom de Joseph-Mathieu mais le plus souvent, on le nomme Joseph. Il est né le 20 septembre 1700,à Beauport. Il épouse Louise Blondeau, fille de Joseph Blondeau et d’Agnès Giguère, à Saint-Louis de Kamouraska, le 7 janvier 1728. Louise Blondeau ne survit pas à l’accouchement de son premier enfant et elle meurt le 18 novembre 1728, onze jours après la naissance de son fils.

Joseph ne reste pas veuf très longtemps. Il se remarie avec Geneviève Cartier, fille de Paul Cartier et d’Agnès Cloutier, à Saint-Joachim, le 25 avril 1729. Joseph occupe plusieurs métiers. Ses occupations l’amènent à naviguer sur le fleuve Saint-Laurent. Il se rend à Tadoussac, même à Sept-Îles.

À l’automne 1742, nous apprenons que Geneviève Cartier est veuve. Les recherches pour trouver l’acte de sépulture de Joseph (ou Joseph-Mathieu) sont vaines. Quand est-il mort ? Au baptême de son dernier enfant en 1739, il est vivant.

Les registres paroissiaux sont muets en ce qui concerne le décès de ce Joseph Parent mais les archives apportent des éléments de réponse. Le 25 octobre 1742, à Québec, est rédigé un acte de tutelle des enfants mineurs de Joseph Parent, décédé, et de sa veuve Geneviève Cartier qui est nommée tutrice de ses enfants.

L’acte de tutelle était insinué peu de temps après le décès d’un des époux. Les archives permettent d’avancer que Joseph Parent est décédé au cours l’été ou au début de l’automne 1742.


lundi 18 novembre 2013

Jamais trop tard pour être père

C’est l’histoire de Jacques Parent, fils de Jacques Parent et de Marie-Anne Chalifour qui a connu les joies de la paternité à 65 ans.

Ce Jacques Parent voit le jour le 30 septembre 1714, à Beauport. Le 22 février 1748, il épouse Angélique Laurent dit Lortie, au même endroit. Angélique est née le 9 novembre 1717, aussi à Beauport. Comme on peut le constater, ce ne sont pas deux jeunes à l’aube de la vingtaine qui se marient : Jacques a 33 ans et son épouse a fêté son trentième anniversaire. Aucun enfant ne naîtra de cette union. Angélique meurt le 19 mars 1774, à Beauport. À la suite du décès de son épouse, Jacques reste veuf plusieurs années et il se remarie en 1780. Le 29 mai de cette année-là, à l’église de Beauport, il unit sa destinée à celle de Catherine Drolet, veuve de Charles Gagné.

Catherine Drolet, fille de Pierre Drolet et Marie-Anne Chartré, est née le 18 mars 1742 et a été baptisée le lendemain, à l’église de L’Ancienne-Lorette. Elle épouse Charles Gagné, veuf de Marie-Jeanne Parent, à L’Ancienne-Lorette, le 4 février 1771. Il s’agit du deuxième mariage de Gagné. Charles Gagné et Catherine Drolet ont eu un enfant : Joseph, baptisé à Sainte-Foy le 15 janvier 1772. Charles Gagné meurt quelques années plus tard; il est inhumé le 3 mars 1775, à L’Ancienne-Lorette. En premières noces, Gagné avait épousé Marie-Jeanne Parent, fille de Jacques Parent et de Marie-Anne Chalifour, le 15 février 1745, à Beauport. Marie-Jeanne, baptisée à Beauport le 13 novembre 1723. est la soeur de Jacques Parent. Marie-Jeanne est décédée en janvier 1769, à L’Ancienne-Lorette. De 1747 à 1758, elle a donné naissance à sept enfants.

Le mariage de Jacques et Catherine a sûrement fait jaser à Beauport car le marié a  65 ans, et son épouse ,38 ans. Qui plus est, l’acte de mariage recèle une clause particulière. En effet, les nouveaux mariés reconnaissent comme leur fils légitime un enfant baptisé le 15 mars précédent, à Beauport, sous le nom de Jacques.

Extrait des registres de la paroisse La Nativité de Notre-Dame de Beauport
Le quinze mars mil sept cent quatre vingt par moi soussigné missionnaire a Beauport a Eté Baptisé jacques né le même jour de parents inconnus, Le parrain a Eté jean Duprac, La mareine marie anne veSinas qui ont Déclarés ne Scavoir Signer de ce Enquis Suivant L’ordonnance                         Renault prtre

Extrait des registres de la paroisse La Nativité de Notre-Dame de Beauport
Le vingt neuf may mil Sept cent quatre vingt après la publication de Deux Bans de mariage faite aux prônes des messes paroissiales de Beauport Entre jacques parent veuf de Défunte angélique laurent de Cette paroisse D’une part Et Catherine Drolette veuve de feu Charles Gagné aussi de Cette paroisse D’autre part Sans quil Se Soit trouvé aucun Empêchement au dt mariage canonique ni Civil, vüe la Dispense du troisième Ban accordée par monSeigneur L’évêque de quebec je Soussigné missionnaire a Beauport les y ai marié Selon la forme prescrite par notre mère la Ste Eglise Et pendant la Célébration de leur mariage, lépoux et lépouse ont Reconnus pour issu de leurs Corps Et ont légitimés jacques né le quinze mars de la présente année Et Baptisé au dt Beauport le même jour; ont Etés préSents aux dts mariage Et légitimation jean Baptiste Duprac, marie anne veSina parrein et marreine de l enfant; jean jobin  francois poitevin, magdeleine Giroux, Catherine parent Lesquels Excepté le Soussigné ont Déclarés ne Scavoir Signer de ce Enquis Suivant lordonnance.
                                    Renault prtre

Le couple Parent-Drolet n’aura qu’un seul enfant. Catherine Drolet rend l’âme le 20 septembre 1794 et est inhumée le lendemain, à Beauport. Jacques Parent, cultivateur à Beauport, s’éteint le 9 juillet 1796; il est inhumé deux jours plus tard. L’acte de tutelle du 15 juillet 1796 désigne Jean-Baptiste Drolet, oncle maternel, comme le tuteur de Jacques Parent, mineur âgé de 16 ans. Ce fils tardif va se marier trois ans plus tard. Il ne suit pas en cela l’exemple de ses parents car, le jour de ses noces, il n’a que 19 ans. Le 6 août 1799, dans la paroisse Notre-Dame-de-Québec, il épouse Geneviève Bilodeau, fille de François Bilodeau et Louise Poulin. Son tuteur lui sert de témoin.


lundi 4 novembre 2013

Publications sur Pierre Parent et ses fils

Un certain nombre des billets que je partage avec vous sur mon blogue sont tirés des biographies d’ancêtres que j’ai éditées à compte d’auteur  et de la  biographie de mon ancêtre Pierre Parent qui a été éditée par la Société de généalogie de Québec. À plusieurs occasions, j’ai extrait des passages de ces biographies afin de présenter des pans de vie des premiers habitants de la Nouvelle-France.

Je vous présente la liste de biographies qui concernent mon ancêtre Pierre Parent et quelques-uns de ses fils, soit sept fils sur les onze qui se sont mariés et ont eu une descendance. Une huitième biographie d’un des fils de Pierre Parent, celle de Charles Parent, a été écrite par Guymont Parent.



Guy Parent, Michel Parent (1671-1726), (La deuxième génération), Québec, s.e., 2011, 77 pages.

Guy Parent, André Parent (1662-1699), le navigateur (La deuxième génération), Québec, s.e., 2010, 69 pages.

Guy Parent, Les triplets de Beauport (La deuxième génération), Québec, s.e., 2009, 194 pages.

Guy Parent, Jacques Parent (1657-1744), (La deuxième génération), Québec, s.e., 2007, 140 pages.

Guy Parent, De la Nouvelle-France à la Louisiane : Claude Parent et son neveu François, Québec, s.e., 2006, 27 pages.

Guy Parent, Pierre Parent, le pionnier : boucher, carrier, chaufournier et fermier, Québec, Société de généalogie de Québec, contribution no 105, 2005, 160 pages.

Guymont Parent, Charles Parent (1676-1747), Saint-Michel-de-Bellechasse, s.e., 2011, 119 pages.

lundi 21 octobre 2013

Les énigmes généalogiques Parent – 3

Les répertoires des baptêmes, mariages et sépultures célébrés au 18e siècle dans les forts et les établissements français qui sont situés dans la région des Grands lacs, dans la vallée de l’Ohio et le long du Mississipi ont été publiés en deux tomes par Marthe Faribault-Beauregard en 1982 et 1984 (1, 2).  Cette publication contient une précieuse information sur cette région parcourue par les migrants français aventureux.

Elles contiennent aussi des renseignements généalogiques uniques qui, dans certains cas, deviennent autant d’énigmes. Dans les registres de la paroisse Sainte-Anne du fort de Chartes, la généalogie de familles Parent est confrontée à un couple dont on ignore les origines.

Le 18 juin 1748, est baptisé Charles Parant, fils légitime de Charles Parant et de Marie-Barbe Le Viconte. Le parrain est Jacques Martin et la marraine est Marie-Joseph Sorel, épouse de André-Thomas Desjardins.

Les généalogistes de la famille Parent cherche encore à identifier ce Charles Parant mariée à Marie-Barbe Le Viconte.


(1) Marthe Faribault-Beauregard, La population des forts français d’Amérique (XVIIIe siècle), Tome 1, Montréal, Bergeron, 1982, 299 pages.

(2) Marthe Faribault-Beauregard, La population des forts français d’Amérique (XVIIIe siècle), Tome 2, Montréal, Bergeron, 1982, 435 pages.

lundi 7 octobre 2013

Les énigmes généalogiques Parent – 2


Voici une autre énigme généalogique qui découle d’un acte de mariage entre Joseph Lambert et Geneviève Parent, rédigé le 7 août 1815, dans la paroisse de Sainte-Madeleine-de-Rigaud,

« Le sept Aoust Mil huit cent quinze, après la publication de trois bans de mariage faite au prône de la messe paroissiale pendant trois Dimanches de suitte, entre Joseph Lambert garçon majeur, journallier Résident dans le Townships Hackesbury haut Canada, fils de feu Augustin Lambert et de defunte Genevieve Parent, ses père et mère en leur vivant cultivateur en la paroisse de St Ours d’une part, et Marie Blondeau, majeure, fille de Lambert Blondeau Ancien capitaine de Milice et de Genevieve Lacombe ses père et mère journallier en la Seigneurie d’Argenteuil d’autre part, Je Prêtre soussigné curé de Rigaud n’ayant découvert aucun empêchement quelconque entre les parties susdite, Vûe l’approbation de leurs parens respectifs au dit mariage et après avoir recu leur mutuel consentement leur ai donné la bénédiction nuptiale en présence de Pierre Bertrand Ami de l’Époux, de Lambert Blondeau père de l’Épouse, de Luc Sauvé et de Simon Quénel leurs témoins et Amis dont tous ont déclaré ne savoir signer ainsi que l’Époux et l’Épouse Lecture faite. »

La lecture de cet acte est facile. Le problème concerne le couple Augustin Lambert et Geneviève Parent, résidant à Saint-Ours. En dépit des renseignements complets donnés dans cet acte, les généalogistes qui travaillent sur la famille Parent n’ont pas encore trouvé un mariage entre un Augustin Lambert et une Geneviève Parent, encore moins le baptême de leurs enfants dont celui de Joseph Lambert qui se marie en ce 7 août 1815.

Alors, qui est cette Geneviève Parent ?

lundi 9 septembre 2013

Les énigmes généalogiques Parent – 1

Quand un généalogiste commence des recherches sur une famille, il emmagasine rapidement de nombreuses données telles les noms des parents et des enfants, les dates et les lieux de naissance et de sépulture et les dates et les lieux de mariages. Avec tous ces renseignements, il établit des lignées qui sont les filiations qui permettent de remonter le plus loin possible dans le temps afin d’identifier le couple qui est à l’origine de sa présence en terre d’Amérique.

Cependant, dans toutes les familles, les généalogistes sont confrontés à des lignées qui s’arrêtent très tôt dans la ligne du temps pour diverses raisons. Quand un ou une de nos ancêtres est originaire d’un pays autre que la France, la situation se comprend car nous n’avons pas accès à la même qualité d’archives qu’au Québec.

Mais, il arrive des cas de lignées brisées pour lesquelles les généalogistes sont intriguées et la famille Parent ne fait exception à cette règle. Voici l’exemple d’une lignée brisée qui frustre de nombreux Parent qui se sont établis dans la région de la Louisiane


Parents inconnus

I Pierre Parent m Jeanne de Lacroix, date et lieu inconnus de leur mariage (vers 1760);

II Jean-Louis Parent m Monique Luquet, date et lieu inconnus (vers 1784, en Louisiane);
(Les enfants de ce couple sont nés en Louisiane)

III Jean-Louis Parent a épousé Marie-Rose Dupuis, en 1819, à l’église St.Gabriel, Louisiane;


Les générations suivantes de Parent de cette lignée se sont mariées en Louisiane et elles aimeraient bien savoir qui est leur ancêtre Parent. Les généalogistes qui s’intéressent à la famille Parent n’ont pas réussi à identifier précisément ce Pierre Parent qui épouse Jeanne de Lacroix ou Lacroix, vers 1760, quelque part dans le sud des États-Unis puisque les registres paroissiaux du Québec sont muets sur ce couple.

Les recherches menées dans les registres paroissiaux du Québec à travers les bases de données ne permettent d’identifier ce Pierre Parent. Jusqu’à maintenant, aucune réponse n’a été donnée pour solutionner cette énigme.

lundi 26 août 2013

Charles Parent en Louisiane

Charles Parent fait partie de la quatrième génération en terre d’Amérique de descendants de Pierre Parent et Jeanne Badeau .

I Pierre Parent et Jeanne Badeau
m 1654-02-09, Beauport

II Joseph Parent et Madeleine Marette
m 1690-01-31, Beauport

III François Parent et Marie-Anne Arlu
m 1726-12-02, Fort Condé, Mobile

IV Charles Parent
n 22 janvier; b 9 février 1738, c
m 1772-04-07,
Fort Condé, Mobile 

De temps à autre, les registres de Mobile mentionnent le nom de Charles Parent, le benjamin des enfants nés du mariage entre François Parent et Marie-Anne Arlu. Par exemple, le 1er juin 1760, Charles Parent accepte d’être le parrain de Simon Favre, le premier enfant du couple Favre-Wiltz.

La vie de Charles Parent est étroitement liée aux conflits qui sévissent entre les grandes nations. Le sud de l’Amérique du Nord subit de plus en plus l’influence des Anglais. Ces derniers installés tout d’abord sur le front de l’Atlantique ont traversé les Appalaches, atteint le bassin de l’Ohio et rejoint les zones d’influence des Français. Quand éclate la guerre de Sept-Ans, la région ne peut échapper à l’impact que provoque cette guerre. Au terme du conflit officialisé par la signature du traité de Paris en 1763, la France cède à l’Angleterre toutes ses possessions à l’est du Mississipi. Charles Parent, tout comme ses lointains cousins de la vallée du Saint-Laurent, devient, à ce moment-là, sujet britannique. Cet état de fait change le tissu social de la baie de Mobile, car plusieurs familles françaises quittent la région pour se diriger vers la Nouvelle-Orléans et ses environs. En janvier 1764, le major anglais Robert Farmar indique qu’il ne reste plus que dix familles françaises à Mobile et seulement 98 dans toute la grande région environnante. Les Français qui déménagent à la Nouvelle-Orléans vivent un cruel désenchantement. Croyant se retrouver en territoire français, ils apprennent en 1766 qu’un traité secret fait en sorte que le roi de France cède la Nouvelle-Orléans et les terres à l’ouest du Mississipi à son cousin d’Espagne.
 

Charles Parent demeure à Mobile. Il y épouse Jeanne Rochon en 1772. Leur union n’est officialisée que le 23 juin 1773 par le curé Ferdinand (1). 
L’an mil Sept cent Soixante treize le vingt trois juin je certifie avoir reçu leconSentement mutuel de mariage Celèbre en presence de msr. gourdon ministre le sept avril de l’année mil sept cent Soixante douze de Charles parent et de jeanne rochon en presence des temoins Soussignees. ferdinand Curé

Dans la décennie 1770, Charles Parent devient le propriétaire de plusieurs plantations, dont une d’importance sur la rive est de la baie de Mobile. On peut qualifier Charles de planteur prospère, qui possède de nombreux esclaves, qui élève du bétail et qui est impliqué dans la production de goudron. Par exemple, en 1772, Charles achète de Pierre et Jean Rochon trois esclaves – deux garçons noirs prénommés César, Guillaume et John, un mulâtre – pour une somme de mille dollars. En 1776, on sait qu’il possède douze esclaves noirs. La description de sa maison démontre un signe évident de sa prospérité Qu’on en juge ! Il s’agit d’une habitation de six pièces qui mesure 36 pieds de longueur agrémentée d’une longue galerie qui fait tout le tour de la maison. Cependant, Charles va connaître un dur revers de fortune. Lors du conflit avec l’Espagne en 1780, les forces britanniques vont brûler sa plantation de la baie de Mobile. De ce fait, il perdra 100 barils de goudron valant 900 dollars et 200 barils vides. À la suite de ce désastre, Charles s’enrôlera dans la milice espagnole (2).

Tout indique que ses quatre premiers enfants sont nés à Mobile. Mais comme les registres catholiques de cette paroisse ont de graves lacunes, il est impossible de donner précisément pour tous les enfants leurs dates de naissance. Cependant, nous savons que la fille aînée du couple Parent-Rochon naît le 5 mars 1773 et n’est baptisée que le 27 juillet suivant du prénom de Jeanne. Par la suite, jusqu’en 1781, les registres sont muets en ce qui concerne la famille Parent. L’absence d’un curé permanent à Mobile en est la cause.

Mobile devient possession espagnole en 1780 et ce, jusqu’en 1813. Les habitants doivent apprivoiser un nouveau gouvernement et une nouvelle langue officielle. Le 22 juillet 1781, un missionnaire espagnol baptise, à Mobile, Pierre Parent, fils de Charles Parent et de Jeanne Rochon. Les registres sont en langue espagnole et le curé a écrit Pedro comme prénom de l’enfant. La famille Parent disparaît de la région de Mobile et quelques années plus tard, nous retrouvons sa trace à la Nouvelle-Orléans. En effet, à compter de 1785, les enfants de Charles Parent et Jeanne Rochon sont baptisés à la paroisse Saint-Louis de la Nouvelle-Orléans. Le couple Parent-Rochon a laissé une nombreuse descendance en Louisiane.

(1) Jacqueline Olivier Vidrine, Love’s Legacy, The Mobile marriages recorded in French, transcribed with annotated abstracts in English, 1724-1786, 1985, Center for Louisiana Studies, University of Southwestern Louisiana, Lafayette, LA, p. 362
(2) Gregory A. Waselkov et Bonnie L. Gum with contibutions by Kristen J. Gremillon et Diane E. Silvia, Plantation archeology at Riviere aux chiens ca. 1725-1748, Mobile, Alabama, Center for archeological studies, 2000, p. 80.

lundi 12 août 2013

Dictionnaire généalogique des familles Parent

Le 3 août dernier, lors du rassemblement de l’Association des Familles Parent d’Amérique (AFPA) qui s’est tenu au Musée minéralogique et minier, à Thetford Mines. Roger Parent, le président de cette association et responsable du Dictionnaire généalogique des Parent d’Amérique, a présenté les derniers chiffres de cette importante compilation.

La base de données de l’AFPA contient actuellement 160 836 fiches d’individus. La grande majorité des nouvelles entrées concernent des Parent qui demeurent aux États-Unis depuis plusieurs générations. Il faut rappeler que quatre ancêtres Parent ont fait souche en Nouvelle-France : Pierre Parent, Michel Parent, Mathurin Parent et Gabriel Parent.

Les fiches (descendants qui portent le patronyme Parent, leurs conjoints ou conjointes et les enfants qui portent la patronyme Parent ou un autre patronyme) se rapportant à chacun des ancêtres se ventilent comme suit :

Pierre : 76 475 fiches
Michel : 4 454 fiches
Mathurin : 3 169 fiches
Gabriel : 7 640 fiches

Si on ne comptabilise que les fiches concernant le patronyme Parent, la répartition des 36 378 fiches est la suivante :

Pierre : 30 183 fiches
Michel : 2 276 fiches
Mathurin : 1 150 fiches
Gabriel : 2 769 fiches

Ainsi, selon les données du 3 août 2013, 83,0 % des Parent du dictionnaire généalogique des familles Parent d’Amérique ont pour ancêtre Pierre Parent, 6,3 % sont les descendants de Michel Parent, 3,2 % de Mathurin Parent et 7,6 % de Gabriel Parent.

lundi 29 juillet 2013

Fiche familiale de François Parent et de Marie-Anne Arlu

François Parent est le cinquième enfant né du mariage entre Joseph Parent, l’aîné, et Marie-Madeleine Marette. Il est un des petits-fils de Pierre Parent et de Jeanne Badeau.

François Parent (Joseph Parent et Marie-Madeleine Marette)
n 5; b 5-3-1700, Montréal / d après 1759, Louisiane

m Marie-Anne Arlu, veuve de Jean Favre, fort Condé, Mobile, Alabama, 

2 décembre 1726 (1)
n ? / d 27; s 27-10-1755, Mobile, Alabama

Enfants

1. François
n 17; b 20-9-1727, fort Condé, Mobile, Alabama (1) / d avant 1730

2. Claude
b 4-6-1729, fort Condé, Mobile, Alabama (1) / s 10-6-1736, fort Condé, Mobile, Alabama (2)

3. François
n 21; b 23-8-1730, fort Condé, Mobile, Alabama (1)

4. Catherine Parent
n ~ 1733 / d 31-12-1759; s 1-1-1760, Mobile, Alabama (2)
m Pierre de Juzan, fils de Pierre de Juzan et de Marie-Thérèse Trudeau, 1-11-1758, Mobile, Alabama (1)

5. Charles
n 22-1; b 9-2-1738, fort Condé, Mobile, Alabama (1) / d après 1800, Nouvelle-Orléans
m Jeanne Rochon 7 avril 1772, Mobile, mariage officialisé le 23 juin 1773 (3)

(1) Sacramental Registers Book 1, Microfilm 2047321, Family History catalog. Salt Lake City, Utah, Church records from Archidiocese of Mobile.
(2) Sacramental Registers Book 1, Microfilm 2047322, Family History catalog. Salt Lake City, Utah, Church records from Archidiocese of Mobile.
(3) Jacqueline Olivier Vidrine, Love’s Legacy, The Mobile marriages recorded in French, transcribed with annotated abstracts in English, 1724-1786, 1985, Center for Louisiana Studies, University of Southwestern Louisiana, Lafayette, LA.

lundi 15 juillet 2013

François Parent en Louisiane – partie 2

François Parent, le neveu de Claude Parent et le petit-fils de mon ancêtre Pierre Parent, a pris épouse en 1726 et s’est installé dans la région de Mobile. Le 17 septembre 1727, Marie-Anne Arlu accouche d’un fils à qui on donne le nom de François lorsqu’il est baptisé trois jours plus tard, à Mobile. Marie-Anne Arlu a déjà donné naissance à trois enfants nés de son premier mariage avec Jean Favre ; les actes de baptême de deux de ces enfants ont été enregistrés à l’église du fort Condé de Mobile, un est manquant. Ainsi, le 16 avril 1721, Jean Favre porte sur les fonts baptismaux un bébé de sexe masculin à qui on donne le prénom de Jean-Claude. Le parrain est Claude Parent et la marraine, Marie Arlu. Puis, le 28 janvier 1723, un deuxième fils Favre est baptisé sous le nom de Jean-Simon. Jean-Claude Favre demeurera dans la région de Mobile et il se mariera le 7 juin 1759 avec Marguerite Wiltz fille de Laurent Conrad Wiltz et de Marie-Anne Colon.

Deux ans après la naissance de leur premier enfant, le deuxième fils de François Parent et Marie-Anne Arlu voit le jour. Il reçoit le prénom de Claude, le 4 juin 1729; le parrain est Claude Favre, le frère du premier époux de la mère (1). Cet enfant meurt en bas âge, il rend l’âme le 10 juin 1736. Un troisième fils naît le 21 août 1730. Deux jours plus tard, on le baptise et on lui donne le prénom de François. Il faut donc conclure que le premier-né baptisé sous ce prénom est décédé. Dans les registres de Mobile, un autre enfant du couple Parent-Arlu est répertorié. Il s’agit de Charles Parent, né le 22 janvier et baptisé le 9 février 1738.

À ces quatre enfants, il faut ajouter une fille connue sous le nom de Catherine. Même si son acte de baptême n’existe pas dans les registres de Mobile, les registres paroissiaux la mentionnent à plusieurs reprises dans les années à venir en tant que marraine (2). Le 2 mars 1743, Catherine Parent est la marraine d’un indien, esclave du Sieur Trouillet chirurgien à Tombecbee, le parrain est François Favre. Le 28 novembre 1744, elle est la marraine de François Girard, fils de Jean Girard et de Marie Daneau. Le 13 juin 1745, elle est la marraine d’un « négrillon », esclave de Claude Barbeau dit Boisdoré. Son frère Charles est appelé à jouer le rôle de parrain le 22 décembre 1747 lors du baptême de Charlotte Roy, fille de Jacques Roy et de Marie Lurat. En 1758, elle se marie (3).

Les généalogistes qui consultent le dictionnaire de René Jetté lisent que François Parent aurait eu trois enfants naturels qui ont été baptisés à Michillimakinac en 1726, 1728 et 1729. Si c’est vrai, il aurait beaucoup voyagé entre cet important poste de taire et la Louisiane car son épouse donne aussi naissance à des enfants au cours de la même période.

On connaît très peu de choses de la vie de François Parent. On peut simplement supposer que ses activités se conjuguent à celles de ses concitoyens de la région de Mobile. Le développement de la région se caractérise par l’établissement des plantations. Comme ses concitoyens, il subit les deux ouragans qui dévastent la région de Mobile en 1740 (4). On sait qu’il garde le contact avec son père Joseph qui habite à Montréal. Par exemple, au mois de juillet 1744, Joseph Parent et son frère Antoine se rendent chez le notaire Jean-Baptiste Adhémar en compagnie de François Parent. Ils demandent au notaire de rédiger une requête qui nomme François Parent leur procureur. Dans cette requête, il lui demande de faire tout ce qu’il lui est possible pour régler définitivement la succession de leur frère Claude Parent. Joseph et Antoine Parent ont droit à un sixième des parts de la succession de leur frère. Les deux frères Parent possèdent une information très incomplète en ce qui concerne le décès de leur frère Claude, car ils font écrire au notaire Adhémar que Claude est décédé depuis « environ cinq ou six années » (5).

Marie-Anne Arlu reçoit les derniers sacrements le 27 octobre 1755 et elle est inhumée le jour même. Dans l’acte sépulture, on précise qu’elle est l’épouse de « Mre Parent, taillandier » (6). Trois ans après ce deuil, Catherine Parent se marie. Le premier novembre 1758, elle unit sa destinée à celle de Pierre de Juzan, enseigne dans les troupes de la Marine, natif de Mobile. Il est le fils de Pierre de Juzan, aide-major, de Mobile, et de Marie-Thérèse Trudeau.

Par la suite, François Parent disparaît des registres de Mobile. On ne connaît pas la date de son décès. Par contre, son fils Charles permet de suivre la trace de cette famille dans la région de la Louisiane.

(1) Registres paroissiaux de Mobile, Alabama (Sacramental Registers Book 1, Microfilms 2047321 Family History catalog. Salt Lake City, Utah).
(2) Registres paroissiaux de Mobile, Alabama (Sacramental Registers Book 1, Microfilms 2047321 Family History catalog. Salt Lake City, Utah).
(3) Registres paroissiaux de Mobile, Alabama (Sacramental Registers Book 2, Microfilms 2047322 Family History catalog. Salt Lake City, Utah).
(4) Peter J. Hamilton, Colonial Mobile, Boston and New York, Houghton, Mifflin and company, the University Press, 1898, 434 p.
(5) BAnQ, Minutier de Jean-Baptiste Adhémar, le 4 juillet 1744.
(6) Registres paroissiaux de Mobile, Alabama (Sacramental Registers Book 2, Microfilms 2047322 Family History catalog. Salt Lake City, Utah).

lundi 1 juillet 2013

François Parent en Louisiane – partie 1

Les noms de Claude Parent, fils de Pierre Parent et de Jeanne Badeau, et de son épouse Catherine Christophe apparaissent régulièrement dans les registres de Mobile, en Louisiane. Par exemple, le 6 avril 1726, Claude Parent et son épouse accompagnent Joseph Barbeau dit Boisdoré en tant que témoins devant le curé et le juge de Mobile. Barbeau dit Boisdoré veut épouser une fille de Mobile mais il est incapable de prouver qu’il n’a pas déjà été marié. Le curé et le juge signifient qu’ils lui font « dresser cette acte pour notre sureté » (1).

Au cours de la décennie 1720, Claude Parent n’est plus le seul représentant de la famille Parent dans la grande région de la Louisiane. Vers 1725, son neveu François arrive à Mobile. François Parent est le fils de Joseph Parent l’aîné et de Marie-Madeleine Marette ; il a été baptisé à Montréal le 5 mars 1700. François est le cinquième enfant de la famille.

Joseph Parent, le père de François, connaît bien les « Pays d’en Haut », c’est à dire la région des Grands Lacs. Il a vécu au fort Pontchartrain de Détroit pendant plus de cinq ans, soit de 1707 à 1712. Durant cette période, il a tissé de solides liens commerciaux avec les gens de cette région. Par exemple, en 1712, il signe un marché pour le commerce au fort Pontchartrain avec Louis Duchouquet (2). De retour à Montréal, il continue ce type de commerce avec divers associés dont la famille Magdeleine dit Ladouceur. Joseph Parent travaille de concert avec son fils François qui est qualifié de « voyageur ». Ainsi le 27 août 1720, le notaire Raimbault rédige un contrat par lequel une obligation est prise par Joseph Parent « maître taillandier et bourgeois faisant fort pour François Parent voyageur son fils, et son associé Joseph Magdeleine dit Ladouceur » à Pierre Lestage marchand de Ville Marie (3).

Après 1721, François disparaît de la scène montréalaise. Il a séjourné dans la région des Grands Lacs.  On le retrouve à Mobile en 1726. Le 9 juin 1726, il est le parrain de Françoise, fille de René Sabourdin et de Marie Foucot. À la fin de l’année 1726, il prend épouse. Le 2 décembre 1726, à fort Condé de Mobile, il unit sa destinée à celle de Marie-Anne Arlu, veuve de Jean Favre. Dans cet acte de mariage, on dit de François Parent qu’il est maître taillandier de Montréal (4).

En raison des démêlés juridiques qui ont suivi le décès de son mari Jean Favre, nous savons que Marie-Anne Arlu a eu au moins trois enfants de son premier mariage. Le 3 mai 1725, le Conseil supérieur de la Louisiane est saisi d’une requête d’un certain Thomas Desersy qui conteste l’héritage de la propriété que Jean Favre a laissé à Marie-Anne. Les lettres patentes portant sur l’établissement du Conseil supérieur de la Louisiane date du 17 septembre 1716 (5).De renvoi en renvoi devant le Conseil supérieur de la Louisiane en se référant au contrat de mariage ou encore à la tutelle des enfants mineurs Favre, cette contestation traînera tout l’été et se règlera le 6 août à la faveur de la veuve. C’est le 6 août 1725 qu’on apprend que Marie-Anne est la mère de trois enfants mineurs (6).

Au recensement de la Louisiane daté du 1er janvier 1726, huit personnes demeurent à Biloxi. Parmi ces personnes, le recenseur identifie la veuve Arlu, sa sœur et quatre enfants. À cet emplacement est construit un entrepôt de compagnie.

(1) Registres paroissiaux de Mobile, Alabama (Sacramental Registers Book 1, Microfilms 2047321 Family History catalog. Salt Lake City, Utah).
(2) BAnQ, Minutier d’Antoine Adhémar, le 14 septembre 1712.
(3) BAnQ, Minutier de Pierre Raimbault, le 27 août 1720.
(4) Registres paroissiaux de Mobile, Alabama (Sacramental Registers Book 1, Microfilms 2047321 Family History catalog. Salt Lake City, Utah).
(5) Louisiana historical Society, New Orleans, 1908, vol. IV, réédité New York, 1969, AMS Press, inc., p. 21
(6) « Records of the Superior Council », The Louisiana historical quaterly, AMS Press, New York, 1919, vol. 2, p. 204; 330; 338-342

lundi 17 juin 2013

Ce billet est le 100e

Le 17 juin 2011, il y a exactement deux ans, débutait l’aventure de ce blogue. Comme je l’ai mentionné à ce moment-là, je voulais écrire sur la généalogie des familles Parent et sur les anecdotes et les petits faits historiques qui émaillent la vie de nos ancêtres. Ainsi, 99 billets ont été publiés une fois par semaine sauf quand je voyageais à l’extérieur du pays.

Depuis le début de la publication des « Carnets généalogiques des familles Parent », les statistiques de fréquentation de mon blogue sont en constante progression. J’ai publié 99 billets et on observe près de 5 200 pages lues. D’aucuns diront que c’est peu comme taux de fréquentation mais comme l’écrivait Jean Rostand en 1965 dans son livre Inquiétudes d’un biologiste : « Un chercheur doit avoir conscience du peu de ce qu’il a trouvé; mais il a le droit d’estimer que ce peu est immense. ». J’ai des lecteurs fidèles.

Les cinq billets les plus lus sont ceux qui concernent le volet généalogique de mon ancêtre Pierre Parent. Ce sont :

La famille de Pierre Parent et de Jeanne Badeau – partie 2 avec 178 visites
Les ancêtres Parent avec 170 visites
Une lignée ascendante matrilinéaire avec 154 visites
Une lignée ascendante patrilinéaire avec 119 visites
Les biens fonciers de l’ancêtre Pierre Parent – partie 1 avec 113 visites

Jusqu’à maintenant, j’ai réussi à maintenir le rythme d’un billet par semaine. Pourrais-je le maintenir ? La tâche sera difficile car le 15 mai dernier, j’ai été élu président de la Société de généalogie de Québec. À travers mes recherches personnelles et mon implication dans la Société de généalogie de Québec, je m’interroge sur la fréquence des publications de mes billets. La cadence d’un billet par semaine est-elle réaliste ? Il s’agit d’un beau défi.

J’espère continuer à alimenter mon blogue de façon régulière.

Généalogiquement vôtre

lundi 10 juin 2013

Pour le confort et les soins à la fin du 17e siècle

Vivre au Canada implique qu’il faille affronter des hivers rigoureux et, pour combattre le froid, il faut se chauffer. Le bois de chauffage occupe une place importante dans les dépenses des maisons. Il est difficile de comparer les prix à travers les ans et même, à l’intérieur d’une même année d’après le livre de comptes du séminaire de Québec qui couvre les années 1688 à 1700.

Pourtant, la dimension de la corde a fait l’objet d’une ordonnance du Conseil souverain le 11 mai 1676; elle mesure huit pieds de longueur et quatre pieds de hauteur et le morceau de bois, une longueur de trois pieds et demi. Malgré cela, une corde de bois se vend dans une fourchette de prix allant de 30 sols en 1688 à 120 sols en 1693. La différence entre les prix des cordes bois peut être reliée au transport qu’elles demandent pour se rendre à destination.

Afin de réaliser une comparaison juste des prix de la corde bois, considérons le cas du bûcheron Jean Baillargeon qui vend des cordes de bois de 1691 à 1699. Au mois de mai 1691, il vend 74 cordes de bois pour une somme de 185 livres ou 50 sols la corde. Jusqu’en 1697, son prix pour une corde de bois ne change pas. En 1698 et 1699, il l’augmente à 55 sols. Selon ces données, on peut conclure que si seul le prix du bois est calculé dans le prix de vente de la corde de bois, que ce prix ne varie pas de 1691 à 1697.

Pour voyager facilement sur la neige, on utilise les raquettes. En 1694, on les vend douze livres et en 1699, à la ferme de Baie Saint-Paul, la paire de raquettes coûte dix livres.

Si la maladie nous frappe, on fait appel au chirurgien Gervais Beaudoin. Parmi les traitements les plus répandus, on connaît la saignée. Pour une saignée, Beaudoin exige une somme d’une livre en 1697 quand il soigne Pierre Michel; il applique le même tarif en 1700 pour Jérémie Auger. Quand il arrache une dent en novembre 1691, le chirurgien réclame la somme d’une livre à Pierre Devanchy.

lundi 3 juin 2013

Prix des outils de travail et des matériaux à la fin du 17e siècle

Dans son grand livre de comptes C4 qui couvre les années 1688 à 1700, le Séminaire de Québec inscrit de nombreux outils de travail, que ce soit pour le travail de la ferme, de la forêt ou des gens de métier. Dans cette liste, on trouve une chaudière, une charrue, une doloire, une faux, une fourche, une hache, une vrille et un vilebrequin. Au mois de mai 1691, une petite chaudière vaut la somme de trois livres et dix sols et, en 1696, une chaudière est évaluée à sept livres et quinze sols. La charrue qu’on envoie à Baie Saint-Paul en 1695 est estimée à onze livres et la paire de rouelles de charrue de Jacques Fortin en 1698, à cinq livres. En octobre 1692, Pierre Tremblay doit une somme de 100 sols pour une doloire. Les faux valent toujours quatre livres tout comme la fourche de fer acquise par le taillandier Jean Filion en mars 1699. On évalue le prix d’une hache à quatre livres et dix sols en 1688 et à six livres dix ans plus tard. Le vilebrequin et la vrille n’apparaissent qu’une seule fois dans les comptes; le premier vaut deux livres en 1690 et la seconde, deux livres et quatre sols en 1695.

En plus des outils de travail, il y a les attelages des animaux et les accessoires pour les moyens de transport. On parle de brides valant six livres et quinze sols, le prix d’une bride avec une selle atteint la somme de 40 livres en 1692 et celui d’un collier à cheval, douze livres. On demande une livre pour un fer à cheval, deux livres pour un joug pour les bœufs, dix sols pour des longes pour les vaches et douze livres pour un van à vanner. Les comptes du Séminaire fournissent un aperçu des coûts des gestes posés par des gens de métier. Par exemple, le maréchal-ferrant Mélaine Bonnet pose des fers à un cheval contre une somme de quatre livres. De plus, les accessoires pour les moyens de transport tels des roues ferrées sont payés 21 livres la paire et des roues de bois, trois livres la paire.

Pour la construction, on utilise des carreaux de verre ou de vitre. Ils coûtent quatre sols le carreau en 1688 et trois sols, en 1690. Jacques Fortin vend des bardeaux et en 1694 et, pour mille bardeaux, il demande un prix de 85 sols.

lundi 27 mai 2013

Le prix des animaux à Québec à la fin du 17e siècle

Tous les animaux qui font partie d’une ferme traditionnelle de la vallée du Saint-Laurent apparaissent à un moment ou à un autre dans le livre de comptes C4 du Séminaire de Québec. Cette liste comprend le bœuf, le cheval, la pouliche, la vache, le veau, le cochon, les moutons et les animaux de la basse-cour (oie, poule, coq, chapon, poulet). Les prix des animaux les plus importants sont présentés.

Le prix d’un animal dépend de son état de santé et de sa robustesse. Le prix pour un bœuf démontre cette affirmation. Ainsi, un bœuf pour le travail se négocie au prix de 80 livres en 1688. En 1695, Claude Bouchard doit livrer à Baie Saint-Paul deux bœufs estimés à 160 livres et, en 1697, René Lavoie transporte deux grands bœufs à Saint-Joachim qui sont estimés à 200 livres. Il arrive qu’il s’agisse d’une bête exceptionnelle comme celle qu’acquiert la maison Saint-Michel en 1692 puisqu’on évalue le bœuf à une somme de 165 livres. Les mêmes facteurs sont pris en considération quand il s’agit des vaches, leurs prix vont de 40 à 90 livres. Par contre, le veau se transige toujours au même prix, soit dix livres.

Pendant cette période, le prix d’un cheval varie énormément; on le paie 95 livres en 1688 et 200 livres en 1690. Une pouliche d’un an vaut 45 livres. Il faut souligner que le cheval est encore relativement rare dans la vallée du Saint-Laurent. Selon le recensement de 1681, on dénombre 36 chevaux dans la ville de Québec. Au début du 18e siècle, ce nombre va exploser. Finalement, on vend et achète régulièrement des animaux de la basse-cour. Un cochon coûte une livre et dix sols ou deux livres et un mouton, de cinq à huit livres. On achète également des oies à 40 sols, des outardes à deux livres et des poulets à quinze sols. Le chapon, fréquemment cité, se vend toujours au prix d’une livre.

lundi 20 mai 2013

Fiche familiale de Charles Parent, fils de Pierre Parent et de Jeanne Badeau

Pierre Parent et Jeanne Badeau ont eu 18 enfants et Charles est le quatorzième.

Charles Parent (Pierre Parent et Jeanne Badeau)
n 13; b 13-11-1676, Québec / d 15; s16-6-1747, Québec

m Marie-Anne Duprac (Jean-Robert Duprac et Marguerite Vachon), 7 janvier 1699, Beauport
n 26; b 28-7-1679, Beauport / d 24; s 24-12-1744, Québec

1. Jean-Marie
n 20; b 20-11-1699, Beauport / d 14; s 15-11-1706, Beauport

2. Antoine
n 29; b 30-1-1701, Beauport / d 9; s 10-11-1774, Charlesbourg
m Marie-Angélique Delaunay (Henri Delaunay et Françoise Avisse)
5 février 1725, Beauport

3. Noël
n 15; b 16-9-1702, Beauport / d 3 ; s 4-2-1732, Château-Richer

4. Charles
n 12; b 12-6-1704, Beauport / d 1-3-1721, Beauport

5. Pierre-Alexis
n 31; b 31-12-1705, Beauport / d 28; s 29-12-1776, Beauport
m Marie-Anne Bélanger (Nicolas Bélanger et Marie Magnan)
15 avril 1733, Beauport

6. Marie-Jeanne
n 13; b 13-3-1707, Beauport / d 29; s 30-3-1715, Beauport

7. Marie-Josephe
n 19; b 20-11-1709, Beauport / d 23; s 23-2-1774, Montmagny
m Charles Vallée (Pierre-Vincent Vallée et Marie-Madeleine Courault)
7 janvier 1731, Beauport

8. Marguerite-Geneviève
n 25; b 25-5-1711, Beauport / d 21; s 22-9-1731, Beauport
m Pierre Bédard (François Bédard et Marie-Madeleine Auclair)
7 janvier 1731, Beauport

9. Jacques
n 1; b 1-5-1713, Beauport / d 9; s 10-6-1796, Beauport
m 1 Marie-Geneviève Vallée (Charles Vallée et Geneviève Marcoux)
27 juillet 1739, Beauport

m 2 Antoinette Camiré (Nicolas Camiré et Julienne Pernay)
13 juillet 1750, Beauport

10. Louis
n 16; b 16-10-1714, Beauport / d 4; s 5-7-1732, Beauport

11. René-François
n 5; b 5-1-1716, Beauport / d 28; s 30-5-1777, Beauport
m Catherine Rochereau (Jean-Baptiste Rochereau et Élisabeth Déry)
24 avril 1741, Beauport

12. Geneviève
n 25; b 26-12-1719, Beauport / d 13; s 14-4-1748, Québec
m Charles Dubeau (Jean Dubeau et Marie Dubois)
9 juin 1738, Québec


lundi 13 mai 2013

Les prix d’objets domestiques à la fin du 17e siècle à Québec

Le livre de comptes C4 du Séminaire de Québec qui couvre les années 1688 à 1700 fournit une bonne information des objets domestiques utilisés par les habitants de la région de Québec.

Dans cette catégorie, seul le peigne apparaît de façon régulière dans le livre. Il peut être de bois ou de corne. De bois, on le paie huit sols en 1688, 1689 et 1694 et dix sols en 1699; de corne, sa valeur augmente, le plus souvent à dix sols. À une occasion, on le dit d’ivoire et il vaut 25 sols. On mentionne occasionnellement les autres outils ou appareils utilisés dans la maison tels : la cuiller à pot, les écuelles d’étain, le gril et sa crémaillère, la marmite avec ou sans couvercle, la poêle à frire, le poêlon et la terrine. Pour la toilette personnelle, Pierre Provençal achète un rasoir au prix de quatre livres en 1700 et Julien Simon paie neuf livres pour une demi-livre de savon en mars 1700.

Pour son plaisir, l’habitant fait usage de tabac et cet usage est répandu. Vendu surtout à la livre, son prix varie sensiblement au fil des ans et à l’intérieur d’une même année. Doit-on associer cette variation des prix à des qualités différentes de tabac ? On achète du tabac noir et du tabac vert. À plusieurs reprises, on spécifie qu’il s’agit de tabac de La Malbaie. Le tabac se transige à la livre, au quarteron ou en feuilles. En 1698, on demande une somme allant de 40 à 60 sols pour une livre de tabac noir, François Beaucourt a déboursé 43 sols pour le même produit deux ans plus tôt. De 1689 à 1700, le prix d’une livre de tabac noir augmente de 20 à 80 sols. Le tabac vert se vend toujours un peu moins cher. Par exemple, François Beaucourt qui a payé 43 sols pour une livre de tabac noir en 1696, ne paie la livre de tabac vert que 30 sols cette même année.

En dehors de la maison, l’habitant, pour la chasse et pour sa défense, utilise les armes à feu. Il doit donc faire provision de poudre et de plomb. Une livre de poudre se vend deux livres et dix sols en 1692 et, à la fin de la décennie, son prix se stabilise à deux livres. Le prix du plomb suit la même tendance; payé douze sols la livre en 1692, son prix descend à huit ou neuf sols la livres en 1695, 1696 et 1698.

lundi 6 mai 2013

Prix de vêtements et de tissus à Québec à la fin du 17e siècle

Le livre de comptes 1688-1700 du Séminaire de Québec procure une bonne information de la garde-robe des habitants de la région de Québec. Le capot fait partie de cette liste des vêtements qui sont signalés à plusieurs reprises dans les comptes du séminaire de Québec. La qualité du capot affecte son prix et il en existe de diverses qualités puisqu’on le paie dix livres en 1693 et 48 livres et dix sols en septembre 1691, somme payée par le menuisier Pierre Devanchy pour un capot de ratine dont il a payé « l’étoffe et façon ». En mars 1694, André Tailleur acquiert un capot de bure pour une somme de onze livres; à la fin de l’année 1695, Pierre Perrault doit une somme de seize livres et dix sols pour un capot de mazamet; et en janvier 1696, Richard Savage doit la somme de quinze livres et dix sols pour un capot de tarascon.

Pour fin de comparaison, voici le prix de quelques autres pièces servant à l’habillement. Tout d’abord, les couvre-chefs : le bonnet acheté au mois de juin 1695 chez M. Hazeur par François Galarneau coûte de trois livres et dix sols et, en juin 1696, celui de Louis de Longuefosse dit le Parisien, quatre livres. Le chirurgien Baudoin porte un chapeau qui a coûté la somme de huit livres au mois de novembre 1696 et il s’agit de la seule mention d’un chapeau dans le livre de comptes. Le tapabord, relativement répandu, est payé cinq livres par Joseph Arnois en février 1695, trois livres et quinze sols par Pierre Perrault en décembre 1695 et quatre livres et dix sols par Guillaume Nicolas en novembre 1696. En juin de cette même année, Louis de Longuefosse dit le Parisien doit une somme d’une livre et dix sols pour une ceinture.

Quant à la chemise, son prix oscille entre trois livres et cinq sols en 1695 et quatre livres aussi en 1695 et en 1700. On parle également de chemisettes qui coûtent une fois huit livres en 1698 et une autre fois quatorze livres et dix sols en 1692. On porte aussi le caleçon, évalué à quatre livres et dix sols en 1696.

En plus des vêtements, il se vend des centaines d’aunes de tissus qui seront éventuellement utilisées pour la confection. On achète de la bure, de l’étoffe, du mazamet blanc, brun, gris ou rouge, de la ratine, de la serge de Caen, de la toile de Mesly ou de Chamard et du tarascon.

lundi 29 avril 2013

Prix des souliers à Québec la fin du XVIIe siècle

Le livre de comptes 1688-1700 du Séminaire de Québec procure une bonne information de la garde-robe des habitants de la région de Québec. On achète des bas, des bonnets, des caleçons, une calotte à oreille, des capots, des ceintures, des chapeaux, des chemises, des chemisettes, des culottes, des escarpins, des galoches, des hauts de chausse, des jambettes, des mitaines, des pantoufles, une robe de chambre, des souliers de toutes sortes et des tapabords. 

La paire de souliers constitue la pièce d’habillement dont on parle le plus. On achète des souliers sauvages, des souliers de bœuf, des souliers de cordonnerie et des souliers de Normandie. Le soulier de Normandie ou soulier français, subit une légère augmentation de prix de 1688 à 1700. Une paire de ce type de chaussure coûte six livres en 1688, six livres et dix sols en 1691, sept livres et dix sols en 1695, entre sept et huit livres en 1697 et sept livres en 1700. Jusqu’en 1694, son prix maximal se situe à six livres et dix sols, prix maximal qui atteint huit livres pour les six années suivantes. On peut penser que la qualité des souliers de cordonnerie s’apparente à celle des souliers de Normandie car leurs prix sont à peu près les mêmes. De fabrication locale, les souliers de bœuf ou souliers sauvages se vendent de six à huit fois moins cher que les souliers de Normandie. Leur prix se situe normalement entre vingt et trente sols la paire. La plus forte somme demandée pour une paire de souliers de bœuf se monte 40 sols en 1695.

Les prix de paires de souliers en Nouvelle-France pour la période de 1688 à 1700, selon le livre de comptes du Séminaire de Québec.

Année    souliers de Normandie   souliers sauvages
                     (livres)                            (sols)

1688              6                             20 à 25
1689           5 à 6                          25 à 30
1690       
1691            6½                              30
1692          5 à 6½   
1693                                           25 à 35
1694          5 à 6                             30
1695            7½                              40
1696             8                             25 à 40
1697          7 à 8   
1698       
1699         7 à 7½                           25
1700           7½                              30

En quelques occasions, on remarque l’usage de types particuliers de chaussures. Par exemple, le 14 octobre 1696, Jacques Levert reconnaît devoir une somme de seize livres pour une paire de souliers de loup-marin et à une occasion, en mai 1695, on fait mention d’une paire de sabots que Mathieu Mirault dit la Bouteille doit payer dix sols. En Nouvelle-France, on porte aussi des galoches et des escarpins. Le 16 octobre 1696, François Choqueteau doit une somme de deux livres pour une paire de galoches et le 18 août 1698, Antoine de Gand doit, pour le même item, une somme de deux livres et cinq sols. À la différence des sabots qui étaient faits d'une seule pièce de bois, les galoches ont une semelle en bois et une tige en cuir. Aussi en 1696, Louis de Longuefosse dit le Parisien doit une somme de quatre livres pour une paire d’escarpins. Le dictionnaire Furetière définit l’escarpin comme un « soulier sans talon et à simple semelle, qui sert particulièrement pour la danse et pour la propreté ».

L’acquisition de paires de bas revient à plusieurs reprises dans le livre de comptes du Séminaire de Québec. Le prix varie peu; payée quatre livres en 1688, la paire de bas se vend entre quatre livres et dix sols et cinq livres et dix sols, dans la majorité des occasions.

lundi 22 avril 2013

Contrat de mariage entre Joseph Parent, le triplet, et Marie Bélanger

Transcription de l'acte notarié du contrat de mariage de Joseph Parent, le triplet, et de Marie Bélanger, le 11 février 1696.

Par devant Jean Robert duprac Notaire à Beauport
Residant au dit beauport Et teSmoints Soubs Signéz
furent presents En leurs personnes Pierre parant
marchand boucher Et Jeanne badeau Sa femme de son mary
authoriSée pour leffect des presentes habitant En la paroiSSe
de nostre dame de beauport au nom Et comme Stipullant
pour Joseph parant leur fils a ce present pour luy Et En Son nom
D’une part, Et Marie de Renville veufve de deffunct
nicollas ade habitant Et de la paroiSSe de nostre dame du
dit beauport au nom Et comme faisant Et Stipullant
En cette partye pour Marie bellanger Sa fille Et du dit
deffunct bellanger la ditte fille a ce present Et de son
consentement pour elle Et En son nom D autre part
Lequels partyes de leurs bons grés Et volonté En la
presence Et du consentement de leurs parens Et amis
pour ce assemblés de part, Et d’autre, Sçavoir de la part
des dits pierre parent Et de Jeanne badeau Sa femme
Et De leur dit fils de Monseigneur le Comte de
frontenac gouverneur Et lieutenant général pour le Roy dans touttes
letendüe de la Nouvelle france Et de Monseigneur
de Champigny Intendant des finances pour Sa maison
En la Nouvelle france conseiller du Roy En Ses conseils
Et de Monsieur de Monseignat Secretaire de Monseigneur
le gouverneur Et de Jacques, pierre, andré, Jean leinaye
Estienne, Jean, Michel claude, charles, Et anthoine parant
Et de Joseph Rancourt, Et de Marie parant Sa femme
Et de Jean baugy Et de tarraiSe parant Sa femme, Et
de Jacques aviSSe, Et de geneviefve parant Sa femme,
Tous freres beaux freres Et Seurs du dit Joseph
Parant, Et de la part de la ditte Marie de Rinville
Et de sa ditte fille, de Pierre leinay, de Nicollas, de
Paul, Et de pierre bellanger, Et de Estienne Soüet bourgeois
de quebecq, Et de Jean giroux, Et de theraiSe Et de
françoise bellanger tous freres beaux freres Et Seurs
de la ditte marie belanger Et de Jean Soüet son
nepveu Reconnurents Et Confesserents avoir faict
les traictés Et promesses de mariage qui En suivent
C’est a sçavoir la ditte marie de Rinville avoir promis
Et promet de donner Et bailler Sa ditte fille par nom Et
loy de mariage au dit Joseph parant qui la promis Et
promet prandre En Sa femme Et legitime Espouse
Comme auSSy la ditte marie bellanger la promis Et
promet prandre pour son mary Et legitime Espoux
En le dit mariage faire Et Solemniser En Saincte Esglise
Catholique apostolique Et Romaine le plustost que faire
ce pourra, Et quil Sera adviSé Et deliberé Entre-eux
leurs dits parents Et amis, Sy dieu Et nostre ditte
mere Saincte Esglise Sy consentent Et accordent
Pour Estre uns Et communs En tous biens meubles
acquest Et conquest Immeubles Suivant la coustume
de paris, ne seront les dits futurs conjoincts tenus
aux debtes ny hipotecques lun de lautre faictes Et créés
auparavant la Solemnite de leur dit mariage ainsi Sy
aucunnes y â Elle seront payés Et acquittés par celuy ou
celle de quy elle procederont Et Sur Son bien En faveur
duquel futur mariage Et pour â y celuy parvenir
La ditte Marie de Rinville a promis Et promet de donner
Et bailler a Sa ditte fille la Somme de deux cent livres
tournois y comprenant son habit nuptial Estimé la
Somme de soixante livres, En deduction sur la dite Somme
de deux cent livres, Et les cent quarante livres le landemain
de leurs Espousailles Et benediction nuptialles En advencement
d’hoirie, Pareillement les dits pierre parant, Et Jeanne
badeau Sa femme ont promis Et promettent de donner
Et bailler a leur dit fils aussy En advencement d’hoirie
la Somme de trois cent livres tournois a payer En trois
termes Esgaux, Scavoir la Somme de cent livres de pasque
prochain qui vient d’an un an Et continuer d’an En an
Jusques a parfaict payement Sera la future Espouse
Doué du doüaire coutumier de la somme de cincq
cent livres tournois de douaire prefix pour une fois payée
a son choix Et option, le preciput Sera Reciprocque Entre
Eux de la Somme de deux cent cincquante livres Pourra
la future Espouse advenant la dissolution de leur ditte
Communauté renoncer a ycelle Et En ce faisant Reprendre
ce qu elle aura porté avecq son dit futur Espoux Ses habits
bagues Et Joyeaux Ses douaires Et preciput tels que dessus
Et tout ce que pendant Et constant le dit mariage luy
sera advenu Et Eschu tant par succession donnayon Et
autrement le tout franchement Et quittement sans payer
aucunnes debtes de leur ditte Communauté Encore bien
qu’elle y fut obligee ou condemné Car ainsy a Esté
le tout accordé Entres les dittes partyes parens Et amis
promettant & obligeant chacun En droict sy Renoncant &
faict & passe En la Maison de la ditte de Rinville
au village de Sainct Michel En la ditte paroiSSe de nostre
dame de Beauport Le unziesme Jour de fevrier l an
mil six cent quatre vingt Seize En presence des Sieurs Sus
nommes parans Et amis Et de Jean turgeon tesmoints
Et ont la dite future Espouse le dit pierre paran, la dite de
 Rinville les dits Jacques, andré, Estienne, Jean claude charles Et
anthoine parant Et pluSieurs autres declarés ne Sçavoir
Escrire ny Signer de ce Interpellé Suivant lordonnance.

            joseph parant
Frontenac
Bochart Champigny                        Catherine Saintes
                jean maillou      De Monseignat
Joseph maillou            francoise Jachée beaulieu
Louis philipo        Jean TurGeon        Catherine nolan
                          Claude desainte
jacques avisse    geneviefve parant         Joseph Rancourt
        Jean baugis            Duprac         marie parant
Jean chevallier                   

lundi 15 avril 2013

Mathurin Parent : sa famille en France


Dans mon blogue publié le 24 juin 2011, je présentais les quatre familles Parent qui ont émigré en Nouvelle-France et qui ont fait souche. Dans ces quatre familles, il y a celle de Mathurin Parent, charpentier, fils de Thomas Parent et de Marie Marné ou Marnay. Mathurin Parent a été baptisé le 22 novembre 1655, à Leugny (St-Hilaire), en Vienne. Avant sa venue en Nouvelle-France, il résidait à La Guerche, en Indre-et-Loire. Il a épousé, à Montréal, Jeanne Boucher, fille de François Boucher et d’Anne Lépine, le 12 janvier 1688. Il a passé sa vie à Montréal. Il est décédé le 19 janvier 1732, à Montréal.

Dans la revue de Touraine Généalogie (bulletin No 92, quatrième trimestre 2012), dans la rubrique « Nous sommes tous cousins », on présente un tableau d’une famille Parent. Ce tableau est intitulé « cousinage Parent-Babou ». En tête du tableau généalogique trône le couple Antoine Parent et Perrine Babou qui se serait marié à La Guerche vers 1610.

Les mariages de trois des fils du couple Parent-Babou  sont présentés :

1- Thomas Parent marié à Marie Marnay vers 1655, à Leugny;
2- Antoine Parent marié à Catherine Ruau, le 8 février 1643, à Leugny;
3- Annet Parent marié à Anne Paget, le 21 juillet 1652, à Leugny.

Le tableau se poursuit à la génération suivante avec trois enfants nés du mariage du couple Parent-Marnay :

1- Antoine Parent marié à Catherine-Françoise Dupuy, le 3 juillet 1690, à La Guerche;
2- Louis Parent marié à Anne Millet, le 5 juin 1695, à Leugny;
3- Marie Parent mariée à Simon Blin, le 18 juin 1674, à Leugny.

Ce qui mérite notre attention dans ce tableau réside dans le fait qu’Antoine, Louis et Marie Parent sont les frères et la sœur de Mathurin Parent, leur frère aventurier qui a émigré en Nouvelle-France.

Il n’est pas si fréquent de pouvoir faire des liens entre un émigrant établi en Nouvelle-France et sa famille restée en France.

lundi 8 avril 2013

Le pot-de-vin en Nouvelle-France

Le 9 décembre 1670, par contrat rédigé par le notaire Romain Becquet, Pierre Parent s’engage à livrer à Charles Aubert, sieur de la Chesnaye, un très important marchand de la ville de Québec, un nombre de pipes de chaux vive que le sieur de la Chesnaye aura besoin pour un bâtiment qu’il fait construire en la Basse-Ville Québec sur la rue Sault-au-Matelot. Ce nouveau bâtiment sera attenant à sa grande maison. En plus de la chaux vive, Parent s’engage aussi à livrer de 45 à 50 chaloupées de pierre de Beauport « de la meilleure et de la bonne grandeur et grosseur en toute Sorte qu’il y en a de propre pour faire les Coins du bâtiment ». Ce marché est fait aux conditions suivantes : Parent recevra la somme de 100 sols pour chaque pipe de chaux, et celle de 10 livres et 10 sols pour chaque chaloupée de pierres. Le  sieur de la Chesnaye a promis de payer Parent au fur et à mesure des livraisons. Parent doit apporter la chaux et la pierre sur le bord de la rivière de Beauport pour faciliter le chargement.  En faveur et considération du marché de la dite pierre, le sieur de la Chesnaye donne et promet livrer à Parent une barrique de vin rouge. Parent recevait ainsi un pot-de-vin; ce qui était dans l'orde des choses en Nouvelle-France.

Le pot-de-vin était un cadeau ou une gracieuseté que le preneur donnait au bailleur sans égard au prix du bail. On appelait aussi pot-de-vin ce que l’on donnait au vendeur au-delà du prix de vente, dans une vente ou un marché (1).

(1) Michel Langlois, La paléographie ou l’art de déchiffrer les écritures anciennes, Sillery, La maison des ancêtres, 1999 p. 56.

lundi 1 avril 2013

Prix des boissons alcooliques dans la région de Québec entre 1688 et 1700 d’après le livre de comptes C4 du Séminaire de Québec

On ne peut parler d’alimentation sans toucher aux boissons alcooliques. L’habitant de la Nouvelle-France boit du vin et de l’eau-de-vie et, selon le livre de comptes du Séminaire, il ne s’en prive pas. Les prix du vin et de l’eau-de-vie augmentent graduellement au fil des ans  Celui du vin passe de sept sols et six deniers la pinte à huit sols la pinte de 1688 à 1691 pour atteindre vingt sols la pinte en 1699. La pinte d’eau-de-vie coûte toujours plus cher que celle de vin. Payée quinze ou seize sols en 1689 après avoir été payée entre 25 et 45 sols l’année précédente, la pinte d’eau-de-vie atteint un prix de 30 à 35 sols en 1700.

L’eau-de-vie se vend souvent en petites quantités, souvent en chopines et en roquilles, mais elle se vend également en grandes quantités, soit en pots et en barriques. Il en est de même pour le vin avec une exception, on ne le vend pas à la roquille. Il faut ajouter le baril à ces différents contenants. En octobre 1689, Monseigneur de Québec doit une somme de 23 livres et 14 sols pour un baril de vin qui contient 31,5 pots.


Prix des boissons alcooliques en Nouvelle-France pour la période de 1688 à 1700, selon le livre de comptes du Séminaire de Québec.


Année     eau-de-vie        vin
            (sols/pinte)    (sols/pinte)

1688     25 à 45                8
1689     15 à 16                8
1690     20                       7,5
1691     20                       7,5
1692                               10
1693     35   
1694     32                       15
1695     40                       15
1696     30                       15 à 16
1697                               20
1698     30 à 35   
1699                               20
1700     30 à 35   

lundi 25 mars 2013

Prix de la farine et du pain en Nouvelle-France entre 1688-1700

Pour faire du pain, il faut de la farine. Le prix de la farine est relié à qualité de la récolte de blé. Si la récolte de blé est mauvaise, la farine devient plus rare et son prix en est affecté. Les hausses et les baisses du prix de la farine calquent celles du prix du blé. Le prix du minot de farine payé entre 50 et 60 sols en 1689 bondit à 120 sols en 1690 et plafonne à 160 sols l’année suivante. Par la suite, jusqu’en 1700, le prix de la farine continuera à subir de tels écarts selon les ans. Dans le livre de comptes, on fait la distinction entre la farine et la fleur de farine, cette dernière se vend à la livre et son prix monte à quatre sols en 1689 pour descendre à deux sols en 1696 et retrouver le prix payé en 1689 à la fin du siècle.

Le prix du pain est associé à son poids; ce qui rend les comparaisons difficiles. De plus, on consomme trois sortes de pain : le pain blanc, le pain bis blanc et le pain bis et comme à quelques reprises la sorte de pain n’est pas précisée, ces facteurs compliquent le jeu de la comparaison. Par exemple, en octobre 1688, on parle du pain blanc à huit sols ou du pain bis à dix sols. En 1689, Nicolas Lebrun paie le pain douze sols. En juillet 1690, Charles Cadieu dit Courville doit la somme de 20 sols pour un pain bis tout comme Pierre Maufait en septembre de la même année. Par contre, en mars 1692, le chirurgien Gervais Baudoin paie un pain 20 sols et un autre 25 sols. En août 1691, on trouve des pains à 34 sols, et en septembre de la même année, du pain à 30 sols et en avril, à 28 sols. Le 20 avril 1692, Saint-Godard doit une somme de 34 sols et 6 deniers pour un pain de onze livres et demi et trois mois plus tard, une somme de 31 sols et 6 deniers pour un pain de dix livres et demi. Le prix du pain varie énormément. Ainsi, Pierre Gacien paie seize sols le pain de douze livres en octobre 1695 tandis qu’en février 1697, un pain de même poids est payé 23 sols. Pourtant en 1688, le Conseil souverain a fixé à dix-huit sols le prix du pain pesant douze livres (1).

Le Conseil souverain intervient à nouveau en 1694 et 1698 pour réglementer le prix du pain. En 1694, le lieutenant général de la prévôté de Québec rencontre les principaux intervenants de la ville. À la suite de cette rencontre, le Conseil souverain ordonne aux boulangers de vendre et distribuer le pain sur la base du prix du minot de blé à 60 sols (2). Quatre ans plus tard, le Conseil souverain revient à la charge. Le 22 février 1698, on ordonne aux boulangers d’ajuster le prix du pain sur la base d’un prix de 65 sols le minot de blé (3).


Prix de la farine et du pain en Nouvelle-France pour la période de 1688 à 1700, selon le livre de comptes C4 du Séminaire de Québec

Année    farine        fleur de farine       pain
         (sols/minot)    (sols/livre)         (sols)
1688                                                8
1689    50 à 65               4                 8 à 20
1690    120                                       16 à 24
1691    160                                       28 à 34
1692    90                                         20 à 28
1693    150 à 160           3                  31,5
1694    60                     4,5                50
1695    50                                         15 à 16
1696    70 à 95              2 à 3             23
1697    120 à 160           3 à 4            22 à 23
1698    53 à 74                                  16 à 20
1699    62 à 140             3 à 4            22 à 24
1700    120                    4                 34 à 36

(1) Bernard Audet, Se nourrir au quotidien en Nouvelle-France, Québec, GID et Bernard Audet, 2001, p. 179.
(2) Jugements et délibérations du Conseil souverain en la Nouvelle-France, vol. III, Québec, 1887, p. 869.
(3) Jugements et délibérations du Conseil souverain en la Nouvelle-France, vol. IV, Québec, 1888, p. 159-160.

lundi 18 mars 2013

Pierre Parent achète des anguilles

L’anguille constitue un élément important de l’alimentation dans la région de Québec à la fin du XVIIe siècle. D’ailleurs, Frontenac écrit qu’il considère l’anguille comme la manne de tous les habitants (1).

Le 30 juin 1682, devant le tribunal de la prévôté de Québec, Jeanne Badeau, qui représente son époux Pierre Parent, est demanderesse contre René Leduc, un habitant de la côte de Lauson. Leduc a été assigné le 19 juin. Leduc est condamné à livrer ou à payer 270 anguilles qui sont dues à Pierre Parent. Les anguilles dues seront livrables à la pêche de Pierre Parent à la première pêche qui se fera cette année. De plus, le défendeur Leduc est condamné aux dépens.

Le 23 novembre 1691, encore devant le tribunal de la prévôté de Québec, André Parent, comparant pour son père, est le défendeur dans la poursuite qu’intente Charles Amiot, maître de barque. Un mois auparavant, Amiot a livré une barrique d’anguilles à Pierre Parent contre une somme de 40 livres. Parent prétend que la barrique d’anguille ne vaut rien du tout « sauf à faire manger aux porcs ». Amiot réplique qu’il n’a pas garanti la qualité de la barrique d’anguilles en la vendant, c’est plutôt Jean Marsolet qui a décidé de la vendre et lui, Charles Amiot, n’a pas vérifié sa qualité; il la croyait bonne. Comme Pierre Parent a attendu un mois avant de porter plainte sur la qualité des anguilles, le tribunal donne raison au demandeur et Pierre Parent doit bel et bien payer 40 livres à Amiot.

(1) Rapport de l’Archiviste de la Province de Québec 1927-1928, p. 111.

lundi 11 mars 2013

Prix d’aliments de base dans la région de Québec entre 1690 et 1700

Les denrées alimentaires de base de la famille canadienne de la fin du XVIIe siècle comprennent le pain, la viande de bœuf, les œufs, le sel et l’anguille. On peut établir des prix pour ces aliments en se référant au livres de comptes C4 du Séminaire de Québec.

Le prix de la viande de bœuf ne varie pratiquement pas au cours de la décennie 1690; il oscille entre quatre et six sols la livre avec une baisse exceptionnelle à trois sols la livre en 1700. En effet, ce prix est réglementé. Le 24 mars 1692, le Conseil souverain ordonne que le prix de la livre de bœuf ne peut dépasser cinq sols de Pâques jusqu’au premier juillet et quatre sols du premier juillet au carême (1). Deux ans plus tard, le Conseil souverain émet une nouvelle ordonnance. Le 4 avril 1694, il ordonne que « le bœuf et le veau seront vendus à la boucherie cinq sols la livre depuis paques jusqu’au premier juillet, et quatre sols le bœuf et six sols le veau la livre jusqu’au carême » (2).

Un autre aliment important en Nouvelle-France est l’anguille. Elle se vend habituellement en barriques, mais on la vend également à la centaine et même à l’unité qu’on paie deux sols. En barriques, le prix varie beaucoup d’une année à l’autre. Ayant connu un prix plancher entre 20 et 26 livres en 1688, 1689 et 1694, la barrique d’anguilles se maintient à un prix oscillant entre 30 et 40 livres pour les années 1692, 1693, de 1695 à 1697 et en 1699. En 1695, on sait qu’une seule anguille seule se vend deux sols et que le prix d’une barrique d’anguilles se monte à 40 livres. En faisant une simple division et en supposant que chaque anguille d’une barrique vaut deux sols, on peut estimer qu’une barrique contient environ 400 anguilles. De par la quantité et la fréquence des ventes d’anguilles rapportées dans le livre de comptes, on peut avancer que l’anguille constitue un élément important de l’alimentation dans la région de Québec à la fin du XVIIe siècle. D’ailleurs, Frontenac écrit qu’il considère l’anguille comme la manne de tous les habitants (3). Dans le tableau, le prix des anguilles est celui d'une barrique.Occasionnellement, les gens du Séminaire mangent d’autres poissons comme l’alose, le bar ou le saumon.

Le prix des œufs varie au fil des ans. Payé cinq à six sols la douzaine de 1688 à 1690, la douzaine d’œufs se négocie jusqu’à huit sols par la suite.


                                           
Prix d'aliments de base en la Nouvelle-France pour la période de 1688 à 1700, selon le livre de comptes du Séminaire de Québec
Année    anguilles                bœuf               œufs
            (livres/barrique)  (sols/livre)  (sols/douzaine)

1688        20                                            6
1689      22,5-25                                       6
1690                                   4                  5-6
1691                                   4
1692      32-46                    5-6                  8
1693        30                       4-6
1694      22-26                    4-5                  8
1695       40                         4                   6
1696      30-35                     4
1697       36                         5                   6
1698                                   4                   8
1699      35-40                     5
1700                                   3


(1) Jugement et Délibération du Conseil Souverain, vol. III, Québec, 1887, p. 662.
(2) Ibid., p. 872.
(3) Rapport de l’Archiviste de la Province de Québec 1927-1928, p. 111.

lundi 4 mars 2013

Les prix des céréales dans la région de Québec entre 1690 et 1700

Les principales récoltes rapportées dans le livre de comptes C4 du Séminaire de Québec sont présentées au tableau suivant. En Nouvelle-France, on ne peut vivre sans le blé; le cultivateur récolte surtout cette céréale. Les autres produits comptent peu. Cette céréale constitue le facteur de référence. Les historiens se basent sur le prix du blé pour déterminer les indicateurs de la santé économique de la vallée du Saint-Laurent. De 1676 à 1710, à l’île d’Orléans, on estime que le blé compte pour plus de 90% du total des récoltes (1).

Le prix du blé est relié à la qualité des récoltes et le tableau 1 indique qu’il fluctue énormément. Payé 60 à 70 sols le minot en 1688 et 1689, le prix du blé atteint des sommets à 160 sols le minot en 1692 et 1693, puis descend à un niveau allant de 40 à 60 sols le minot de 1695 à 1700. Le livre de comptes du Séminaire ne rapporte pas de prix pour cette denrée en 1690 et 1691 mais on peut penser qu’il est élevé car, dans la région de Québec, la présence de l’armée anglaise commandée par Phipps a lourdement hypothéqué les récoltes en 1690. Comme cette fin d’année difficile suit la mauvaise récolte de 1689 (2), le prix du blé est sûrement élevé. Dans sa lettre au ministre du mois d’avril 1690, Frontenac écrit que le minot de blé vaut sept francs (3), soit 140 sols. La situation ne s’améliore pas en 1692 et 1693. Les forts prix demandés en 1693 résultent de la récolte désastreuse de 1692 causée par une invasion de chenilles (4). Heureusement, après plusieurs années difficiles, l’excellente récolte de 1694 desserre la pression financière exercée par le prix du blé (5); le minot de blé se transige de 40 à 50 sols en 1695. Pour les dernières années de la décennie, la stabilité du prix du blé laisse supposer de bonnes récoltes. Le traitement du blé au moulin entraîne la production de son dont le prix n’approche jamais celui du blé; il varie entre dix sols le minot en 1688 et 1695 et vingt sols le minot en 1692, 1693, 1698 et 1700. On peut constater qu’il n’existe pas de relation entre les prix du blé et du son.

On peut comparer les prix pour la région de Québec, issus du livre de comptes du Séminaire, à ceux des seigneuries de Montréal et de l’île Jésus. À quelques exceptions – 1693, 1697, 1699 et 1700 – les prix des régions de Montréal et de Québec sont du même ordre (6). Les prix du minot de blé sont plus élevés à Québec en 1693 et 1697; par contre, en 1699 et 1700, nous constatons le phénomène contraire.

Les modestes récoltes d’avoine et de pois vert n’empêchent pas ces produits de faire partie des échanges commerciaux. Si le prix du minot d’avoine augmente graduellement de 1688 à 1700, passant de 20 à 40 sols, celui du pois vert varie considérablement. Vendu en minots, son prix de 50 sols en 1688 et 1689, monte à 120 sols en 1692 et atteint même 130 sols en 1693. Pour les années suivantes, le prix du minot de pois vert retrouve le prix payé en 1688. En Nouvelle-France, on utilise le pois vert pour l’alimentation humaine et pour l’alimentation animale.


Prix (sols / minot) des productions agricoles en Nouvelle-France pour la période de 1688 à 1700, selon le livre de comptes du Séminaire de Québec.

Année    avoine     blé       pois verts      son
1688        20       60/70          50           10
1689        20         60             50
1690        25        140*
1691
1692                 120-160      100-105     20
1693        20      130-160       130          20
1694        30                        40-60       12
1695                  40-50           50          10
1696                  60-80                       10-12
1697      40-50    70-90                         15
1698        40       50-70         65/70      12-20
1699                  55-60                       12-18
1700        40        60                            20

* Cette valeur est tirée d’un rapport de Frontenac et de l’intendant Champigny au ministre, (RAPQ, 1927-1928, p. 29).

(1) Bernard Audet, Avoir feu et lieu dans l’île d’Orléans au XVIIe siècle : étude de culture matérielle, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1990, p. 185.
(2) Rapport de l'Archiviste de la Province de Québec (RAPQ) 1927-1928, p. 29.
(3) RAPQ 1927-1928, p. 105.
(4) RAPQ 1927-1928, p. 29.
(5) RAPQ 1927-1928, p. 189.
(6) Louise Dechêne, Le partage des subsistances au Canada sous le régime français, Montréal, Boréal, 1994, p. 198.

lundi 25 février 2013

Les salaires des engagés du Séminaire de Québec

Les généalogistes, en plus de rechercher leur filiation, s’intéressent également à la vie quotidienne de leurs ancêtres. Au XVIIe siècle, les petites histoires de nos aïeux passent par les actes notariés confirmant leurs acquisitions ou leurs ventes et par les procès-verbaux du système judiciaire, que ce soient ceux du Conseil souverain, des Prévôtés ou du bailliage de quelques seigneuries qui illustrent les démêlés de toutes sortes vécus par ces pionniers. Leur qualité de vie est aussi partiellement révélée par les inventaires après décès qui décrivent les objets utilisés par nos ancêtres. L’intérêt des inventaires est amplifié par le fait que des estimateurs attribuent une valeur à ces objets – outils, ustensiles, aliments – du quotidien.

En plus des inventaires, une autre source de renseignements importante permet de connaître la valeur des choses de la vie courante : les livres de comptes du Séminaire de Québec. Le Séminaire de Québec est chargé de l’entretien et de la subsistance de plus de 150 personnes parmi lesquelles on compte les ecclésiastiques eux-mêmes, les étudiants, les domestiques et les employés. Les dépendances à la campagne occupent un personnel important que ce soit, par exemple, à la ferme du Cap Tourmente, au moulin du Sault-à-la-Puce de Château-Richer, à la ferme de Baie Saint-Paul ou à la maison Saint-Michel, à Sillery (1). Afin de nourrir et d’entretenir tous ses gens, le Séminaire transige de grandes quantités de nourriture, de vêtements et d’objets indispensables pour la vie de tous les jours. Ces transactions qui se font avec les employés et avec les habitants de la région de Québec sont consignées méticuleusement par les gens du Séminaires dans un livre de comptes. Il s’agit d’une source importante de renseignements sur tout ce qui concerne le coût de la vie du quotidien de nos ancêtres.

Le livre de comptes C4 du Séminaire donne quelques informations sur le salaire gagné par des journaliers ou des gens de métier. Les montants payés aux journaliers varient de 25 à 40 sols par jour. Ainsi, pour faucher le foin en juin 1696, Pierre Lavoie reçoit la somme de 30 sols par jour; et en septembre 1697, Bastien Maigneron encaisse la même somme. Par contre, en 1693, le chaufournier Robert Laberge est payé 40 sols par jour pour du travail « tant à la carrière qu’au fourneau ». En 1698, on paye à Jacques Fortin un salaire de 40 sols par jour pour démolir une chapelle.

(1) Noël Baillargeon, Le Séminaire de Québec de 1685 à 1760, Québec, Cahiers d’histoire de l’Université Laval, no 21, les Presses de l’Université Laval, 1977, p. 56.

lundi 18 février 2013

Les Parent au recensement de Québec de 1716

Les individus portant le patronyme Parent qui demeurent sur le territoire de la ville de Québec lors du recensement de 1716 (1) sont :

1. rue Saint-Louis
Jean-Baptiste Parent, menuisier, âgé de 27 ans; Jeanne Guay, sa femme, âgée de 23 ans; et un enfant Jean-Baptiste, 1 an; Joseph Parent, son frère, 18 ans.

Jean-Baptiste Parent est le fils de Michel Parent et de Marie-Anne Benoît. Il est né vers 1693. Il a épousé Jeanne Guay, fille de Jean-Baptiste Guy et de Marie-Agnès Simon, le 27 novembre 1713, à Notre-Dame-de-Québec. La jeune famille déménage à Montréal l’année après le recensement. Les autres enfants du couple sont baptisés à Montréal entre 1717 et 1730 sauf Marie-Louise baptisée à Québec le 25 octobre 1721. Jeanne Guay est décédée le 21 août 1752, à Montréal. Jean-Baptiste se remarie avec Geneviève Delaunay, fille de Charles Delaunay et de Marie-Anne Legros, le 4 novembre 1752, à Montréal. Jean-Baptiste est décédé le 26 août 1760, Montréal.

Son frère Joseph a vu le jour le 16 juillet 1697, à Montréal. Il épouse Elisabeth Lamax, fille de Nataniel Lamax et de Delivrance Clark, le 25 novembre 1721, à Montréal. Elle est originaire de la Nouvelle-Angleterre. Elle est une prise de guerre en 1707. Le couple a quatre enfants : quatre filles. L’acte de sépulture de Joseph est enregistré à Montréal, le 15 décembre 1727. Son épouse meurt le 4 avril 1737, à Montréal.

2. rue Saint-Louis
Chez le médecin du roi Michel Sarrazin, âgé de 54 ans; son épouse Marie-Anne Hazeur, âgée de 25 ans et leurs deux enfants, vivent trois domestiques dont Pierre Parent qui a 17 ans.

Pierre Parent est aussi le fils de Michel Parent et de Marie-Anne Benoît. Il est né le 23 novembre 1700, à Montréal. Il épouse Catherine Jacques dit Sansoucy, fille de Guillaume Jacques dit Sansoucy et de Catherine Limousin, le 6 avril 1723, à Rivière-des-Prairies. Pierre Parent est décédé le 6 octobre 1779 et son acte de sépulture est enregistré à Saint-Mathias-de-Rouville, le lendemain. Son épouse est inhumée le 15 janvier 1784, au même endroit.

3. rue Cul-de-Sac
Chez Fabien Badeau, charpentier de navire, âgé de 41 ans; son épouse Marie-Anne Corbin, âgée de 39 ans, et leurs cinq enfants, vivent deux apprentis : Nicolas Raudot, 20 ans et Jacques Parent, 19 ans, et une servante âgée de 13 ans. Marie-Anne Corbin est la fille aînée de David Corbin et de Marie Parent; donc, la petite-fille de Pierre Parent et de Jeanne Badeau.

Jacques Parent, apprenti, est le fils de Jean Parent, l’aîné, et de Marie Vallée. Il est né le 7 juillet 1697, à Beauport. Il épouse Marie Devin, veuve de Pierre Mondin, le 13 octobre 1719, à Notre-Dame-de-Québec. Jacques Parent est décédé le 24 juin 1730 et est inhumé le lendemain, à Notre-Dame-de-Québec. Marie Devin meurt le 7 juin 1755 est inhumée le lendemain, à Notre-Dame-de-Québec. Jacques Parent est le petit-fils de Pierre Parent et de Jeanne Badeau.


(1) André Lafontaine, Recensements annotés de la ville de Québec 1716 & 1744, Sherbrooke, s.e., 1983
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